• Le mélange de Tirelangue provient que quelques épis sélectionnés par les chiendents au lieu-dit Tirelangue à partir des blés de Philippe Guichard.

Le nom du lieu évoque la longue route ardue qui y conduit.  Son exposition sud en cirque lui assure un climat doux & les vents l'assèchent dès que juillet survient.  La moisson y advient de ce fait plus tôt qu'à la ferme de mars sise un kilomètre plus au nord & à l'égale altitude de quatre cent soixante mètres.

Je lui ajoutai les grains laissés des six variétés de blés tendres & poulards venus de la Chaise Dieu à onze cent mètres d'altitude en pays Livradois que nous avaient expédiés l'association Gebnout.

Semés en un jardin, les moineaux, mésanges, rouge-gorges & autres passereaux en avaient dévoré une grande part, ce qui se produit souvent lorsque les blés sont cultivés sur une surface inférieure à neuf cents mètres carrés.  Dès que la surface du champ est plus grande, au delà de ce seuil critique, les oiseaux semblent ne plus oser s'y aventurer, signe de leur grande charité.

•  5) - une surface inférieure à neuf cents mètres carrés.
  

• la population dynamique de Florent Mercier en la pépinière de Sardent, le soir
• 4) - milpain mottin milvatz manitoba Asita Hermes montois Forez rousselin Blespas Talisman Vernoux Sabando Mâcon Lozère Riema Oulianovska Redon Fuchsweizen Rolipa Clairveaux golden-drop Ritter Shireff.

• Le mélange de onze variétés de la population dynamique de Florent Mercier

produit beaucoup sur tous les types de sols & en tous les climats.

La farine qu'on en obtient est de très haute qualité boulangère

en usage de façon artisanale à panification lente.

Je ne sais si toutes les variétés présentes à l'origine survécurent aux frimas

sur sol de battance propres aux terres de la montagne usée de Limousin.

• 3) - une population de blés à semer en pays Limousin - cliché Bruno.

• La photo montre la couverture de fabacées sous les populations de blés paysans.

Ces blés achèvent leur deuxième an de multiplication.  Semés en les conditions d'extrême frugalité du sol & de rudesse du climat, les blés importés de régions qui leur sont plus favorables, tendent à ouvrir leurs fleurs pour rechercher une hybridation naturelle.  Le fait de semer les diverses variétés en lignes proches les unes des autres aident aux échanges de pollen aussi.

Partant, les individus obtenus en année deux sont des croisements naturels & le résultat en est éclatant selon l'effet d'heterosis décrit il y a longtemps - la vigueur hybride dont bénéficient beaucoup de champions du sport.

Lorsque nous ressemerons les grains de ce champ, cet effet de premier an s'évanouira pour faire place à une diversité extrême en descendance d'année trois.  Nous devrons lors commencer de sélectionner en cette descendance.

Laisser la seule sélection naturelle opérer nous exposerait à voir cette population d'une trop grande diversité en gènes dégénerer, tendre vers un net régrès.

Nous devrons sélectionner, choisir les plus beaux, les plus forts selon les critères évoqués en un article précédent & ainsi nous diriger vers une ou plusieurs populations nouvelles.  Les blés ne sont plus des espèces naturelles.  En la relation qui lie nos espèces & la responsabilité à laquelle elle nous invite, nous pouvons laisser une part à la nature & devons aussi offrir une part à l'humain.

Nul doute que nous sommes un élément de la nature parmi d'autres : cette distinction entre humain & nature est une illusion en réalité.  Elle indique cependant qu'en notre être humain, nous devrons employer les aptitudes que notre espèce spécialisa au fil des générations.

En l'occurrence, elles sont celles d'observation par les sens, de computation d'un mental silencieux & d'un cœur ouvert, à la manière qu'ont les artistes, les inventeurs, les sages & les humains remarquables.

• 1) - deux parts à partager en égale mesure.

• La photo montre le mélange Roches-Tirelangue-Mars dont les pères sont Berthold Heiden, Florent Mercier, Jean-François Berthellot, Philippe Guichard, Nicolas Supiot François Barrouillet, Antoine de Gebnout, Antoine de la Peyramont, Ian Jefferies & les mères Isa, Françoise, Aimee, Rosalind, Michèle, Marie-Jo, Nathalie & Emanuelle.  Grâce à eux !

La sélection naturelle quant à elle continue d'opérer.  Cette pression de sélection exercée par tous les êtres présents en le milieu autres que le blé élimine les individus qui ne peuvent endurer les données que leur offre le mode de culture sans façon aucune qu'est l'agrinature.

Notre expérience est qu'en ces conditions où le sol ne fut que peu préparé,

habité de toutes les adventices que le ciel lui offrit

& peu nourri d'azote,

un pour cent environ des semences introduites survit en an un.

L'an suivant, le taux est dix fois supérieur.  En an trois le taux baisse à nouveau à cause d'une trop grande variabilité génétique.  En quatrième année nous pouvons espérer trente pour cent de réussite des grains semés sans sélection.  En année quatrième, de guerre lasse nous entreprenons, commençons de sélectionner, malgré qu'il nous brise le coeur d'avoir à envisager de choisir un grain plutôt qu'un autre.  Dès cet instant pourtant, suivant une progression linéaire, la perspective de réussite complète de l'acte de semaille

- qui comprend les étapes de germination, tallage, épiaison, remplissage des grains & résistance aux aléas du climat -

adviendra à l'échéance d'une période de quatre à cinq ans.

Préparer un lit de semence garantit un taux de germination élevé, mais l'agrinature ne nous permet pas de le faire.  Les graminéeshautes de prairie & les fabacées apportent plus d'azote au sol qu'elles ne lui en prennent & leur préséance sur la céréale semée est indicatrice que l'azote n'était pas assez présent au moment du semis.  Le mode de la vie qui leur est propre en sa nature de générosité & d'endurance mêlées, tend à en réparer la carence tout en exerçant une concurrence modérée envers le développement de la population que Cérès agrée.

Un sol en bonne santé & d'un taux d'azote de l'ordre de cent unités par hectare permettra d'obtenir une prairie claisemée de céréales qui, si elle produit peu, l'enrichit toutefois.  Les apports de fumiers au sol en Agrinature devront intervenir pour réparer la prise qu'une moisson y opère.  Ensuite, si la date est bien choisie, en un jour favorable à Cérès & défavorable à Caïn, ami des agneaux & autres bovidés cornus de la Cornouailles, la céréale s'établit sa difficulté.

L'idée de Bonfils de semer en Juillet ne peut réussir en Limousin que les ans où sa mousson est suffisamment arrosée, ce qui n'est pas toujours le cas.  La mousson en notre région est synchrone de celle de Bharat & nos Himalayas - la demeure des neiges - sont le massif alpin dcontinué des Pyrénées.  Pour cette raison, je choisirai plutôt le semis dérobé intercalaire d'engrais vert crucifère Brassicaceae aux racines en pivot & aux fleurs de symétrie quatre.

Au cours des trois premières récoltes de cueillette, nous nous efforçons de tout moissonner sans choisir, même les épis les plus infimes - geste qui contrarie les cultures que nos ancêtres nous léguèrent.  Le geste de récolter les petits épis  nous ramène à celui des premiers moissonneurs qui utilisaient de petites faucilles de corne ou de cuir en un temps que nous pouvons situer entre dix & vingt-mille ans avant ce jour - le vingt d'aout de l'an treize.

Récolter les malingres, maladifs & même les malades contrarie plus encore ce que gran-pa nous disait.  Agrinature ne considère les maladies qu'en cas d'absolue nécessité, en des instances de vie ou de mort.  Semer le tout-venant des grains non encore sélectionné devra nous inciter à un sur-semis, semer en sur-densité en vue de compenser ce que nous évaluons de la perte à venir.  Si nous visions un idéal d'un quintal de semence par hectare, nous devrons pour le moins doubler ce chiffe.  A la semaille 2013, j'envisage de dépasser ce double, mais ne peux en parler avant que de l'avoir fait & d'en avoir perçu le résulat - dans un an donc.

A partir de l'année quatre - qui à la ferme de mars commence en cet août 2013 - nous continuons la récolte intégrale qui permet d'offrir plus d'une chance de succès à la descendance des croisements naturels qui naissent en nos populations de mélanges mélangées.

Par ailleurs, nous commencerons d'extraire quelques épis qui nous semblent remarquables en vue de tirer la population des blés vers un idéal de phénotype que je commence d'apercevoir.

Puisque le seigle croit bien en ce lieu, les blés qui l'accompagneront dans le méteil devront nécessairement lui ressembler : de pailles hautes & flexibles, aux épis barbus, courbes & tournés vers le bas.

Puisque ce lieu est une enclave de frontière, le phénotype ci-dessus évoqué devra se décliner en toutes les couleurs, teintes & brillances qu'il est possible de rencontrer.  Ces teintes comptent le noir, le gris, le bleu, l'indigo, le mauve, l'or, le doré, l'orange, le roux, le brun, le blanc, le jaune, le brillant, le mat, la transparence, la réfraction & l'opacité.

J'en exclus la blondeur qui depuis Hitler m'effraie.

Puisque nous introduisons en nos mélanges un très grand nombre d'espèces & variétés de Triticum - des froments, des poulards, des touselles, des bladettes & un triticale, nous retrouverons en cette population le Bellac à l'épi courbe & épais qui naquit du croisement blé, seigle & un blé gris aux grains rangés & fines barbes verticales qui lui ressemble fort, son épi droit & dressé cependant.

Cette œuvre de sélection prendra dix années - sans possibilité d'accélérer.  Nous l'entamâmes en la moisson 2010.

• 2) -Bellac Rolipa Auvergne Macon Saint-Priest Sabando - Bellac, poulard d'Auvergne, Saint-Priest-le-Vernois rouge, barbu du Mâconnais, rojo de Sabando.

octobre 13

Cette année, le temps est pluvieux !  L'été dura un mois à trente degrés & sans eau.

Toutes les maladies cryptogamiques étaient présentes sur les céréales, mais cela n'empêcha pas une moisson d'un niveau moyen.  Nous avions semé bien trop tard en novembre.  Ici, il est bon de semer la seconde quinzaine d'octobre.

Moissonner prit longtemps.  Nous espérons bientôt battre, traiter à la farine de moutarde & semer.  Quelques variétés n'ont pas survécu, surtout par manque d'azote.  Je ne sais pas comment on dit cela : la parcelle n'avait pas été assez nourrie, ni en fumier, ni en compost.  Parmi les croisements, deux produisirent beaucoup, quelques uns, en quantité moyenne, d'autres très peu & quelques uns pas du tout.

Nous réussirons mieux cette année.  L'an passé, nous avions semé plus de cent quatre vingt variétés & mélanges.  Cette année, nous ne sèmerons pas toutes les populations car c'est trop de travail à la moisson & en garderons une partie en stock en petits lots pour l'an prochain.  Des variétés récoltées en bon volume, nous sèmerons une part en pépinière pour conservation & mettrons le reste dans le mélange spontané que la ferme sélectionne déjà depuis quatre saisons, quatre années.  Ainsi nous pourrons le battre à la moissonneuse comme l'an dernier.

La recherche ici se dirige surtout vers un semis direct sans désherbages ultérieurs.  Nous sommes près de trouver la solution & cela nous freine à exceller en les autres aspects du travail.  Pour cette méthode, il faut des céréales plus fortes que les herbes.  Nous les introduisons en pépinière sur sol pauvres pour que la sélection opère.

• 4) - un labeur sans labour - crops amongst weeds.

blés géants

• 1)   -  des ancêtres des blés à pain en Limousin.
  

• 2) - des froments seigles spelts engrains amidonniers poulards - un peu de la diversité des froments, seigles, triticales, spelts, engrains, amidonniers, poulards, blés durs de population ...

3) - dans le blé debout - wheat landraces in Limousin.

Depuis que nous multiplions les semences paysannes, la date de la moisson chaque année se décale vers l'août.  Si le processus se poursuit, nous pouvons supposer que dans quelque temps, le blé se moissonnera durant la premièr semaine d'août.  Nous pourrons semer le seigle, suivant dans la rotation, en simultanéité du mélange EVA - engrais-vert Agrinature - en billes d'argile, en plein à la volée dans le blé debout à partir de la fin de juin, soit quarante jours auparavant.  Si le processus se poursuivait encore, nous pourrions semer le dix août pour une moisson le vingt.

Voici une liste de blés que recommandait Marc Bonfils :

Victoria automne = Blé géant de la Tréhonnais = Blé Haigh Wath prolific = Kensigland (GB) (Limousin 1912)

Bordier (Prince Albert X Noé + sélection massale) (Limousin 1929)

Vilmorin 27 (Limousin 1929)

Cérès (127) (Victoria X Prince Albert X Noé) (Limousin 1929)

Blé seigle = Bled seigle = Ralet = Roux grand grillé Anjou (Limousin 1929)

(hybride de) Champlan (Victoria X Chiddam automne)

rouge de Champagne / rouge d'Alsace / Alsace 22 (sélection massale de rouge d'Alsace)

Blé roseau

Prince Albert = Rostoff = Oxford red = Albert's red wheat (Great Britain)

Chiddam automne épi rouge (GB) Dattel (GB) Golden top(GB)

Blé épi carré = Shireff's square headed wheat(Great Britain)

Blé hybride carré géant = triticale naturel russe de 1907 croisement 7X9

Seigle de Schanstedt

Nonette de Lausanne, poulard - Blanc du Gatinais poulard -

d'Australie poulard, d'Auvergne poulard, Osiris poulard

Voici la liste des blés répertoriés en Limousin en 1912 & 1929 établie par Christophe Bonneuil,

historien des sciences au CNRS, l'institut du Moulon & la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité:

Alliès - Bataille 30, blés de pays mélange - Bon fermier (1912)

Cérès 127 - Chanteclair - Chiddam blanc de mars - Dattel (1912)

Flèche d'or - Franc Comtois - Geffroy - Gros bleu

Hâtif inversable - Hybride de Way - Hybride du trésor - Japhet (1912) - jaune précoce

Manitoba - Noé (1912) - Oscar Benoist - Préparateur Étienne - poulards (1912)

rouge de Bordeaux (1912) - rouge d’Écosse (1912) - rouge de l'est - Teverson (1912)

Vilmorin 23 - Vilmorin 29 - Vuiteboeuf

ALLIES lignée ancienne BATAILLE 30 lignée pure moderne BLE DE PAYS & MELANGE DE BLES DE PAYS

BLE SEIGLE variété de pays BON FERMIER lignée ancienne BORDIER lignée ancienne

CERES 127 not available CHANTECLAIR lignée ancienne CHIDDAM BLANC DE MARS variété de pays DATTEL lignée ancienne

FRANC COMTOIS not available FLECHE D OR lignée ancienne GEFFROY variété de pays GROS BLEU variété de pays

HATIF INVERSABLE lignée ancienne HYBRIDE DU TRESOR lignée ancienne HYBRIDE WAY HYBRIDE DE WAY lignée ancienne

JAPHET lignée ancienne JAUNE PRECOCE not available MANITOBA lignée ancienne NOE variété de pays

OSCAR BENOIST lignée ancienne PREPARATEUR ETIENNE lignée ancienne POULARDS

ROUGE DE BORDEAUX variété de pays ROUGE D'ECOSSE lignée ancienne ROUGE DE L'EST - TEVERSON lignée ancienne

VICTORIA D'AUTOMNE - VILMORIN 23 lignée ancienne VILMORIN 27 lignée ancienne VILMORIN 29 lignée ancienne VUITEBOEUF lignée ancienne

La population dynamique de la ferme du pont de l'arche :

Gua, rojo de Sabando, Marat barbu, Redon Sixt sur Aff 15746, Redon Sixt sur Aff 346, Oulianowska, gris de Saint-Laud, de pays du Gâtinais, Alauda, Saint-Priest-le-Vernois rouge, saissette de Provence.

• http://www.scribd.com/doc/101345637/M-Bonfils-1986s
  http://www.scribd.com/doc/101346095/Permaculture-Marc-Bonfils-lecture-a-l-ec ran
  http://www.scribd.com/doc/101346332/Ble-d-hiver-version-pour-impression

• Le blé de haute Pyrénée que nous introduisîmes en terroir de Limousin, jugeant que son pays d'origine pouvait s'apparenter à icelui.
  

la domestication des humains

• La vie inventa les virus & bactéries dans les océans il y a quatre milliards d'années.  Dès que l'énergie chimique disponible au départ dans l'océan primordial chaud & riche de substances organiques commençait de décroître, les bactéries inventèrent la photosynthèse en voie de substitution.  C'est cette invention qui contribua à façonner la terre belle telle que nous la connaissons ce jour, ses continents riches en calcium & son atmosphère oxygène.

Ce préambule est pour dire combien les plantes ont d'avance en matière d'évolution en comparaison de l'espèce humaine apparue il y a deux cent mille ans, parasite qu'elle est du monde sous ses pieds & sur sa tête.  La médecine chinoise concentre son attention sur le tronc & notamment la zone de l'abdomen où réside notre premier cerveau, celui des yogis & des samurais, des vaishas & des kshatriyas.  Tout comme les racines des plantes en symbiose du mycélium, ce cerveau est notre part extérieure que nous croyons trop souvent un ressenti intérieur.

Dans l'arrogance de sa pensée, le chercheur déclara que tout l'acide désoxyribonucléique hérité des virus & bactéries & dont nous ne savons pas l'usage, serait un "ADN poubelle".  Dans l'arrogance de notre pensée superfétatoire, nous déclarons aussi la fierté d'avoir domestiqué nombre d'espèces animales & végétales.  L'hypothèse se fait désormais jour que ces espèces auraient en fait domestiqué la notre.  Les fruits des arbres & les graines s'offrent à nous pour nous plaire & que nous les répandions autant que de possible.  Percevoir cela nous confère prudence.  Trop de céréales ce jour sont cultivées dans le monde.  Interrogeons-nous de savoir si nous pourrions vivre en consacrant moins de terres à leur production que nous brûlons trop souvent en gaspillages ou à nourrir des herbivores dont elles ne sont pas l'aliment ou des animaux omnivores que nous mangeons en par trop vastes tonnages pour que le niveau de santé général ne s'en ressente pas.

Comme dans le domaine de l'énergie où il n'est pas tant besoin de produire plus que de gaspiller moins, ainsi en est-il de l'agraire business.  Transformer la terre en jardin & manger sain est l'enjeu surtout de ce siècle.  Chacun pourrait être jardinier en agrinature en un jardin boisé d'arbres fruitiers nourrissants.  Cela lors serait sans danger, les antagonismes entre forêt, araire & habitat abolis, les besoins d'autoroutes, manufactures & la pregnance de l'argent réduits d'autant.

• La protection des sols, la production de nourriture & la définition du cadre de vie seront tracés d'une même ligne par ceux-là, jardiniers & paysannes en agrinature.

C'est le blé qui nous fait.

• Voici les blés de JFB semés sur la ferme de Sapoork à 550 mètres d'altitude.  Nous semons un blé de terres fortes & climat chaud sur un sol léger & en altitude.  Pourtant, il rend, il brille & nous réchauffe déjà par la vue avant que de le faire par goût.   Les humains doivent coopérer s'ils envisagent de s'élever mutuellement.  Les arbres s'unissant aux herbivores & aux champignons, élaborent les sols que nous pourrons fouler.  Dans les champs par ce jeu amendés, des céréales viendront fournir en stock les calories & protéines dont le corps se fait.

Le froment fruit (frumen) de lumière, le blé (bla) qui blanchit les terres emblavées l'août venu à fournir le moulin pierre (mla) en fine fleur (flour) & le fournil en pain (panem) de circonstance.

• les humains, les arbres & les céréales

Pour atténuer, adoucir l'imprévisible & l'irréversible : la promesse & le pardon.  « Je serai qui je serai. »  Un vœu dénoue les nœuds de la pelote ténue psyché.  Une amitié répare le un de l'être, impérieux impossible.

• une population de céréale au champ

Imaginez que je vous emmène sur un chemin qui sépare deux siècles.  Du côté de ce sentier qui représente le vingtième siècle, une céréale dite moderne, c'est-à-dire sélectionnée pour répondre aux besoins des grands trusts internationaux de l'agriculture industrielle & du business agro-alimentaire.  De l'autre, un champ de céréale de population telles qu'elles sont en train de réapparaître à l'heur de ce siècle en rush.   La céréale moderne est dite stable & homogène.  Toutes les pousses du champ sont identiques en tous points.  C'est presque un clone de céréale : les pailles & épis y sont semblables, de même forme, de même couleur, de même hauteur.  Par introduction dans le code génétique de la plante, d'un gène du nanisme, les pousses sont courtes & leurs feuilles étroites.  La densité de semis fut calculée avec précision afin de couvrir au plus vite le sol qui avait été dénudé au temps de la semaille.  Du fait d'un semis dense, peu de tallage advint car les plants ne disposaient pas de l'espace nécessaire.

Du point de vue botanique, nous classons les céréales parmi les graminées, tout comme les herbes courantes des prairies.  Chacun connait la forme en touffes des herbes fourragères.  C'est cela le tallage, la capacité d'une graminée à donner plusieurs pousses à partir d'une tige souterraine presque invisible dite plateau de tallage.  Par ce procédé, la plante gagne en largeur, en épaisseur, & peut développer de nombreuses racines supplémentaires latérales également & en proportion.

Dans le champ de céréale moderne, comme les plants sont pour la plupart d'une pousse unique de même hauteur, le risque de verse sous le vent est grand.  Pour parer ce danger, si la parcelle n'est pas en mode de culture biologique l'agriculteur prendra soin de traiter son champ avec un produit de synthèse raccourcisseur de pailles qui limitera un peu plus encore la hauteur des tiges.

Nous avons en résumé de ce côté du chemin, des céréales dont la tige est chétive, les feuilles étroites & les racines sans force & à faible capacité de nutrition.  Du fait que les plantes croissent toutes en même temps, en cas de difficulté particulière, le problème d'un plant se manifestera dans le champ tout entier, ce qui rendra nécessaire les traitements.  En pratique, l'agriculteur souvent ne prendra pas  ce risque & traitera son champ sans attendre, par anticipation.  Puisque les plantes sont en position de faiblesse, il vaut mieux la traiter par avance: le risque en justifie le coût.

Les céréales furent au vingtième siècle sélectionnées pour leur précocité: elles accomplissent leur cycle de végétation en neuf mois, laissant ensuite le sol nu aux temps chauds de l'été.   Puisque les racines sont faibles, il est besoin de nourrir la plante artificiellement par apports d'engrais.  Puisque les racines sont nourries ainsi, elles ne se développent que peu & demeurent sans énergie à explorer la profondeur du sol pour y puiser des oligo-éléments ou de l'humidité sous-jacente aux périodes de sécheresse relative.   De ce fait, une céréale moderne n'atteint jamais sa maturité - elle termine sa brève carrière en séchant dans le champ à l'orée de l'été.   La céréale clonée ne connaîtra pas l'août - la saison chinoise des moissons.  Elle va subitement mourir de soif pour laisser le champ libre aux monstres moissonneuses capables d’avaler des centaines d'hectares dans la foulée.

• une céréale population

De l'autre coté du chemin, nous voyons une céréale fermière de race locale.  On les désigne aussi comme des céréales de population ou de variétés anciennes.  La dénomination ancienne n'est qu'un pis-aller.  Elles sont certes reliées au passé, car issues de la sélection continue de milliers de générations de paysans.  Plus précisément, elles ne sont ni anciennes, ni modernes, mais tout simplement réintroduites dans le flux de variation permanente qu'est la vie.  Nous pourrions dire de ce fait qu'elles surfent sur la crête du présent.  La population du champ qu'elles constituent n'est pas stable.  Elle n'est pas homogène.  Elle se transforme au cours des ans & si on la transportait en un autre champ, son évolution prendrait un autre tour.  Elle évolue sous l'œil attentif, avisé du paysan qui la guide, la suit, l'accompagne sans jamais savoir la précéder.

Les épis de cette population sont de couleurs & formes variées.  Les pailles ont des hauteurs diverses dont les plus grandes sont de taille d'homme.

Le semis des céréales population sera par préférence précoce, de densité faible à moyenne & dans une couverture végétale vivante.  Le tallage est la règle de ce champ composé de plants massifs, larges, stables sur leur assise, dont les pailles & les racines sont fortes.  Par la variété de leurs hauteurs, les pailles se cramponnent, se tiennent entre elles comme les fibres, la trame d'un tissu.

Par sa variété & sa variabilité génétique, la population du champ possède & conserve intacte toute capacité à s'adapter aux conditions toujours différentes d'un climat annuel aléatoire - année sèche, année fraiche, année froide, année rude, année moyenne...  Le paysan, la paysanne y opèrera une sélection volontaire & involontaire selon la sagesse que lui confère l'expérience & la terre qu'il fréquente & habite, selon les pratiques qu'il voudrait atteindre & celles que lui dictent l'air du temps.

Un sage à mes yeux est actif.  J'imagine le sage dans son champ, un  vieux qui sait mais ne dit mot, qui voit & accepte ce que la terre donne!  Les populations de céréales terminent  leur vie dans une explosion de couleurs, après qu'elles eurent affronté en vain l'août d'une lutte splendide car perdue d'avance!  Vivantes, elles méritent d'être regardées jour après jour, nous enseignant à être de ces êtres qui rient sans mot dire de quiconque ni quoi que ce soit

• la céréale moderne, de qualité indéniable

Au yeux des négociants, les céréales modernes possèdent des qualités indéniables: elles sont un marchandise stable & homogène, en libre cours vers une agro-industrie dont le but premier est d'accroitre le produit intérieur brut.

Il fut constaté que traiter les denrées alimentaires de manière industrielle était source de gaspillages, que ces céréales modernes poussées d'artifices sont un aliment carencé en protéines, vitamines & oligoéléments.  La plus grande part d'entre-elles est destinée à devenir une nourriture des animaux d'élevage qu'il faudra complémenter par du soja importé.
La qualité première des céréales modernes est d'assurer la production d'un grand tonnage par hectare à condition toutefois d'avoir dépensé dans ce but force produits de synthèse pour aider à leur croissance & beaucoup d'énergie mécanique pour aider leurs racines.  Elles soutiennent par ce biais l'industrie chimique, le commerce des semences & les fabricants de machines agricoles.  A ces céréales, le sol n'est qu'un support & les tenants de leur culture ne se soucient que peu des sols morts & eaux souillées dont héritera la génération qui suivra.

Que chacun suive sa voie.  Des agriculteurs sont en route vers un pays où le pain nourrit les humains aux trois plans - l'être, la beauté de la terre, la bonté du don.  D'autres n'ont que faire de ces considérations.  L'agriculture leur est un métier comme un autre.  Le temps révèle les justes.  La vérité se révèle à la fin comme le pain à celui, à celle qui ont faim.