Date de création : 13.05.2015
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ImagesL'agrinature tend vers la pratique native d'agriculture n'utilisant que les ressources du vivant en son effort de néguentropie insufflée par l'injection constante dans l'écosystème Terre des photons que lui dispense maître Soleil, étoile moyenne de la galaxie.
La nourriture des plantes est pour l'essentiel un triptyque constitué par l'hydrogène de l'eau, le dioxyde de carbone de l'air & par voie indirecte l'azote de l'air. Utiliser toute l'eau & tout le soleil disponibles en un lieu tout au long de l'année est l'enjeu d'agrinature.
Cela signifie que le seul intrant en cette pratique agricole est d'énergie solaire. De ce fait nous prendrons soin à observer que les plantes présentes puissent faire emploi autant que faire se peut de ces deux ressources données à tous. - la lumière solaire & l'eau des précipitations.
Deux parts au moins de la production est destinée à la fabrication des sols & une part prélevée comme nourriture. Nous intervenons le moins qu'il est possible afin de laisser aux êtres vivants de l'écosystème champ toute latitude d'oeuvrer selon leur nature propre.
Pour que ces êtres puissent exister, nous devons proscrire l'usage des substances de synthèse que le vivant ne sait pas métaboliser. C'est la diversité qui assure l'ensemble des fonctions requises & ce par le moyen de la complémentarité biologique des êtres.
Les notions de pédogenèse sont l'essence de l'agrinature : la Terre doit redevenir terreuse, refabriquer ses sols. A l'échelle d'un siècle l'agronomie envisagera une combinaison des deux pratiques. Des paysans, paysannes, chercheurs & chercheuses affineront des méthodes applicables à plus grande échelle & éventuellement des machines simples & légères. Celles disponibles ce jour sont trop complexes, trop pesantes sur le sol & de ce fait trop voraces en énergie.
Des petites parcelles sont le cas idéal car les lisières & bordures sont des points de grande richesse biologique & parce qu'il est besoin d'arbres pour garder & fabriquer le sol. La production locale permet aussi le retour, le "recyclement" de la matière organique pour l’auto-fertilisation.
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terrasses, bocages & rizières / réinventer les rus des terrasses antiques / paddies
Nous voyons ici le re-creusement depuis 5 ans du ruisseau temporaire de Terranche. Nous le curons au moins deux fois l'an, déposant par préférence la vase sur ce qui deviendra la terrasse haute. Les signes de l'existence éternelle du ru avant sa recréation étaient trois points d'hydromorphie & quelque présence en sous-sol de gros blocs de pierre, trace ancienne d'un talus ou muret détruit. Deux bassins de rétention des matières qui sont emportées par l'eau furent établis en tout premier lieu au bas des parcelles. Ainsi, nous pouvons sans dommage utiliser le flux de l'eau comme principal agent de creusement du ruisseau. Abaisser le niveau de l'eau dans le sol en ces trois points marécageux permet à l'oxygène & en conséquence la vie biologique d'y resurgir. C'est ce que nous nommons le drainage de pédogenèse selon la définition du sol d'un espace prospecté de racines. Cette pédogenèse qui fait croître plus vite le sol sur la future terrasse haute - par accumulation, gonflement & sur-nutrition - établira en dix ans deux terrasses soli-pluviales. Planter des arbres sur la rive haute aidera aux, accélérera les trois processus.
Un nouveau critère vient d'être inventé, plus précis que l'empreinte écologique, qui mesure la dépense en eau que nécessita un produit donné. Il est besoin d'une tonne d'eau pour produire un kilogramme de blé. Il en faut dix fois plus pour la viande de bœuf. Ce critère pourrait aisément être converti en son équivalent en énergie solaire, sachant que toute eau dut être évaporée par la chaleur solaire & monter dans les nues à dix kilomètres d'altitude avant sa retombée en pluie & être disponible aux humains, aux plantes & aux animaux. Le nombre de calories nécessaire à transformer de l'eau en vapeur est énorme & ces données atteindraient rapidement des valeurs astronomiques si nous les mesurions en vue d'en prendre la mesure.
Le bœuf & le blé sont à relier en un équilibre agro-sylvo-pastoral. Sur ce point c'est même la pâture qui est plus utile que le blé.
Une céréale n'a certainement pas quatre pattes pour aller chercher son eau ; elle ne sera jamais aussi régénératrice que des herbes pérennes & ne peut monter la colline pour écoper l'eau et les éléments. Qu'un bovin brasse - & non pas consomme - beaucoup d'eau est un avantage, car il faut bien que les herbivores vivent. Ils ne gaspillent rien tant qu'ils sont en des conditions normales d'activité. Ils sont un chef-d’œuvre, une réussite de la nature. L'histoire de Caïn et Abel en atteste. Leur rôle dans la création des sols est immense.
Le raccourci opère possiblement un renversement de la pensée : les systèmes permanents pollueraient, seraient destructeurs & à l'inverse les culture érosives seraient saines et économiques.
L’Amérique du Nord quelques siècles plus tôt, lorsque le biotope était encore naturellement cultivé par les natifs, élevait spontanément un cheptel deux fois plus large qu'elle ne le fait maintenant industriellement. Si on prend le raccourci on en conclurait que ces systèmes naturels avaient une mauvaise empreinte écologique & que décidément la nature n'y connaîtrait rien en écologie.
Ensuite on peut refuser de manger de la viande. Alors, à l'exemple de l'Inde où on mange peu de viande mais où se trouve le plus gros cheptel bovin sur Terre quand même. On a besoin d'énormément de bétail à fortiori si on ne le mange pas.
"En fin de compte, lorsqu'on les examine selon une perspective plus large, nombre de ces efforts pour protéger l'écologie naturelle sont effectivement destructeurs".
C'est-à-dire qu'il se trouve un mouvement antinaturel à l'opposé même des gens qui prônent l'équilibre naturel. Ceux qui se rattachèrent à ce mouvement pensaient qu'en l'an 2000 nous allions vivre complètement hors-sol et pouvoir nous nourrir de pastilles & habiter des villes en damier. Les plus proches de cet état se créent des interdit alimentaires, puis absorbent des compléments industriels, protéines de chimères génétiques, et décoctions de je sais pas quoi.
On voit que faute de pastilles, on s'est rabattu sur les aliments venant de plantes, car il existe cette vision ancienne ou moderne du végétal comme quelque chose de minéral, insensible, asexué donc pur, de génération spontanée, sans chair, sans pêché.
La réalité nous montre l'inverse : c'est le monde le plus intelligent, le plus actif, à la libido la plus immorale imaginable. Le rhume des foins est une réaction envers les végétaux qui nous inondent de leurs spermatozoïdes en forme de pollen. Toutes les espèces végétales sont plus roublardes les unes que les autres. Manger du pain ou de la viande n'est pas différent.
L'automobile individuelle est le plus grand gaspillage énergétique : déplacer une tonne d'acier pour transporter une seule personne ! Les égouts sont le véritable gaspillage de l'eau, car l'eau alors n'est utilisée que comme le vecteur de nos déchets. Elle perd en cela son caractère sacré!
C'est lorsque l'eau traverse un biotope sans être utilisée qu'il se présente un gaspillage, puisque l'eau sera de toute façon évaporée donc de l'énergie dissipée.
Pour ce que nous tirons de la terre, une question plus simple c'est combien de matière terre, combien de tonnes de sol sont perdues par kilo aliment qui en est exporté.
Ce critère alors est réellement objectif & simple puisqu'il est fonction non pas d'un aliment, mais de la manière dont on l'obtient.
Qu'est-ce qui crée de la terre, du sol ? Potentiellement, tout. L'eau suivra, car il s'agit de se servir de la forêt, des pâtures et des plans d'eau.
D'ailleurs un champ de blé sous sa forme véritable est finalement une pâture, comme je l'avais fait remarquer dans un commentaire précédent, la non-culture c'est la pâture par le troupeau de bêtes & le troupeau qu'est le sol . Le sol est un troupeau sans nombre de micro-organismes de tous types - algues bleues ou cyanobactéries, levures, bactéries, etc...
La pluie qui atteint le sol & ne peut y entrer par suite que la trame de haies, talus, mares, tourbières, prés de frais, bosquets, bois & forêts fut détruite, y ruissèle & l'érode en lessivage de surface - dit horizontal - ou de pente, la pluie qui atteint le sol & y entre en lessivage de profondeur - dit vertical - parce que nul arbre n'y est présent pour la freiner, l'utiliser : ces deux pluies érodent notre seul capital, notre unique commun, le sol.
A l'inverse, toute pluie qui tombe au sol & peut y être utilisée par les plantes en saison ou à défaut par les arbres hors saison : en ces deux saisons ces pluies bâtissent notre unique capital, notre seul commun, le sol.
Les troncs des arbres des haies sont des obstacles mécaniques au ruissellement.
Les racines des arbres des haies sont les ouvertures pour que sol absorbe toute eau reçue.
Krishna passa son enfance parmi les laitières de Gokul. Vacher, il menait le troupeau vers cet espace de campagne dessiné de petits champs, prés & bosquets dont nombre d'entre nous rêvent encore & souvent. C'était il y a cinq mille ans à la fin de l'âge de bronze.
Lorsque nous mangeons de la nourriture qui crut à la manière naturelle, en agrinature, nous sommes surpris d'être nourris par de si faibles quantités. Cette nourriture est concentrée. De plus, étant dépourvue de pesticides, elle ne génère pas de maladies. J'inclus dans les maladies de ce temps la dépression, psychoses & névroses que le stress de tous ces produits chimiques qui "transversent" jusqu'à nos cerveaux, induisent. Nous perdons peu à peu la notion de ce qu'est la nourriture. Nos estomacs ne se ressentent pas repus même lorsqu'ils sont pleins de ces céréales frelatées produites par tonnes à l'hectare sur des millions d'hectares en des parcelles de centaines d'hectares.
Quand une vache laitière est vieille, deux options se présentent, l'enterrer ou la manger. En élevage, on les nomme des vaches de réforme, écartées pour le renouvellement du troupeau laitier : le calcul lors d'un quelconque rendement écologique n'aurait plus sens, car il s'agit surtout de renouveler le troupeau. La comparaison entre le bilan hydrique du blé & du bœuf permet d'ouvrir deux questions : d'une part celle des bovins élevés seulement pour leur viande & d'autre part celle de la viande considérée comme l'aliment par excellence.
En langue ancienne, le mot viande signifiait simplement vivre, nourriture. Au temps où la noblesse s'empara de l'aliment chair animale & le fit sien presque à l'exclusive, le sens peu à peu glissa. L'apparition des bourgeoisies consacra le sens nouveau du fait que cette caste nouvelle contestait la position des nobles pour l'usurper. Il faut voir la viande comme un produit annexe de l'élevage laitier ou de la production d’œufs & de ce fait, un aliment de complément & non pas principal.
Les éleveurs du Limousin font pâturer une parcelle quatre, cinq ans ou plus avant de la semer en céréales. Cela signifie qu'au plus un cinquième de la surface de la ferme est dévolue à la culture. Pour s'assurer d'une production maximale, tout le fumier disponible est épandu par surcroît sur ces mêmes parcelles. André Pochon mit en pratique les idées d'André Voisin & en expose cette pratique dans son ouvrage, « La prairie temporaire à base de trèfle blanc. » Dans ces conditions, le calcul nous donne pour un kilogramme de blé, non pas une tonne d'eau, mais cinq & révèle alors sa limite, comme c'est toujours le cas en matière de chiffes en fin de compte !
Ce que montre simplement l'article précédent, c'est que l'eau nous parvient grâce à l'énergie du soleil, conformément aux principes du cosmos ou à la théorie de la relativité qui clament que l'élément eau naît par voie directe de l'élément feu -
E = m . C 2 - voir à ce sujet un article précédent au sujet des cinq éléments.
Ce principe fut énoncé par des sages vingt mille ans avant l'invention du terme d'écologie. Ils en perçurent la teneur par intuition ou perception directe.
Quand une pluie atteint le sol & son eau ne peut y entrer parce qu'il est nu ou tassé, & ruisselle de ce fait à sa surface, elle l'érode en lessivage de surface ou de pente - dit horizontal.
Cela se produit par suite que la trame de haies, talus, mares, lacs, tourbières, prés de frais, bosquets, bois & forêts fut détruite ou endommagée & de ce fait devenue discontinue, voire disparue.
Quand une pluie atteint le sol & son eau s'y infiltre, mais le traverse parce que nul arbre n'y est présent pour la freiner & l'utiliser, elle le dégrade par ce lessivage de profondeur - dit vertical.
En ces deux occurrences, les pluies participent de l'érosion de notre seul capital, notre unique commun, le sol.
Quand à l'inverse, une pluie tombe au sol & son eau y pénètre & peut être utilisée par des plantes en saison ou à défaut par des arbres hors saison parce que les unes ou les autres ou les deux sont présents – alors en ces deux cas, l'eau de la pluie, utilisée par plantes & arbres, bâtit lors notre unique capital, notre seul commun, le sol de détritus, débris, déchets & excréta.
Les troncs des arbres des haies sont des obstacles mécaniques au ruissellement.
Les branches & feuilles amortissent la chute & réduisent l'énergie de l'impact des gouttes au sol.
Les racines des arbres des haies ouvrent dans le sol les ouvertures indispensables pour qu'il - le sol - ait la capacité d'absorber la moindre goutte de toute eau reçue.
La trame variée des haies & zones d'eau assure la continuité de ces phénomènes : érosion & protection des sols sont des données qui ont trait à la collectivité ensemble par force.
En revanche, des discontinuité apparaissent dans la trame du paysage par suite de nos désunions dont nos faiblesses sont causes.
Lors, la pédogenèse s’interrompt : notre capital sol s'érode.
Le premier de février juste un peu avant le début de printemps...
il pleuvait. Il neigeait. Nous étions pris de maladie & de fatigue, de froid & de courbatures, trempés de pluie & sueur mêlées. Nous recréâmes à deux en quelques heures un ruisseau tel qu'il était il y a mille ans. Nous le fîmes aboutir en l'esquisse d'un bassin de rétention. Le bassin plein, nous dûmes l'ouvrir juste au dessous vers le mur de la terrasse pour qu'elle y tombe en une chute d'eau de trois mètres de haut. En contrebas, nous devinions la trace antique de la mare qui jadis la recevait ce ruisseau détourné pour abreuver les champs.
Par ces actions accomplies de manière intuitive & sous la nécessité impérieuse de ce qui advient sur le terrain, nous retrouvons la fonction & la puissance du génie rural des eaux & des forêts, corps fondé par Philippe le bel il y a huit cents ans.
La constitution de ce corps par le roi n'était pas une apothéose de la science, mais bien au contraire une tentative de formaliser & compiler en les rendant académiques toutes les connaissances & compétences qui existaient lors dispersés dans le savoir des peuples, dans l'oeil & la main des vils manants. Ce savoir-faire était en danger de se disperser & de se perdre & il fallait en récupérer des bribes pour qu'en demeurât trace.
Ce qui est frappant au sujet de cette parcelle, c'est qu'après y avoir recréé le début du ruisseau aux débuts de la ferme, j'en avais ensuite contemplé le spectacle dix ans durant sans pourtant trouver de réponse à la question que la mauvaise santé du sol posait. Le ruisseau existait, mais l'ouvrage n'était pas terminé & je ne savais pas encore où devait couler la suite de sa course. La stérilité affligeante des trois parcelles contiguës m'étonnait sans que je puisse toutefois en mettre à jour la cause.
Un jour que Sapoork vint, elle vit la configuration des lieux & d'un coup d’œil sut ce qui pouvait & devait être fait : conduire le ru le long de la première terrasse. Cette direction n'est à l'évidence pas le chemin naturel du ruisseau, mais ce que la terre nous dit alors & qu'un œil neuf sut voir, c'est que cette voie de l'eau en bord de la terrasse haute avait dû exister par le passé. La haute vibration que nous perçûmes alors de son passage passé inscrit dans le sol montrait que ce chemin surprenant de l'eau avait longtemps été utilisé - sans doute des siècles ou peut-être même des millénaires.
Il faut noter en la matière que c'est une forme d'expression de la terre & la conformation des lieux qui nous dictèrent ce que nous devions faire - & c'est là une part du non-faire. Il faut également noter que la solution ne pouvait & ne devait pas naître des observations d'une seule personne. Elle dut résulter d'un ouvrage agi par un groupe. Dans le cas général, le actes en matière de notre environnement devaient émaner de la communauté locale & par une correction permanente, devenant un œuvre du collectif. Ici réside une deuxième part du non-faire. Notons par surcroit que j'avais au cours des dix ans écoulés épargné sans y toucher en quoi que ce soit le bord de la terrasse, ce qui lui permit de s'élever - car tout sol que nul ne foule croît particulièrement vite. Parce que le sol y crut & s'éleva, le bord de la parcelle maintenant se découpe avec netteté & celle qui semblait il y a dix ans juste une parcelle ordinaire apparut ainsi peu à peu & de plus en plus comme l'ancienne terrasse qu'elle avait été & est en passe de redevenir. C'est par ce truchement de la croissance d'un sol intact qu'un œil nouveau put la voir enfin.
Le fait que j'ai épargné le bord de la parcelle dix ans durant révèle une troisième part du non-faire qui agit dans le subconscient du paysan : quelque idée intuitive m'empêcha de toucher cette bordure sans que j'en sus la véritable raison qui était de permettre à la forme terrasse de se manifester à nouveau. Il y eut naturellement des raisons objectives au fait que je ne touche point à ce bord, mais ce n'est pas vers elles que je porte le regard, les jugeant tout à fait accessoires. Je me laissai guider comme par une forme de volonté qui émanait du granite sans j'en eus conscience pourtant.
Quelle est la nature de cette énergie, de cette parole de silence ? Provient-elle de la roche où s'inscrivirent aux siècles du passé les événements tels que la présence d'un ru ici où là? Est-ce qu'une forme de subsistance des personnes qui vécurent ici y réside encore en un résidu & de leurs actes & pensées? Je sus cependant qu'une présence s'exprimait sans connaître plus ce qui passait par elle, ce que sa connotation particulière signifiait. Ce qui importait, c'est que j'obéis à l'injonction qui me porta à ne pas toucher ce bord de la parcelle.
Il est bien d'autres facettes au non-faire & nous en parlerons à l'article suivant.
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une contrée ouverte vers l'espace
Ce n'est que par évaporation sous la chaleur du rayonnement solaire qu'elle acquit dans les nuées du ciel cette énergie potentielle qui la poussera plus tard à dévaler les pentes.
Elle descend, attirée plus bas par la masse de la terre. Dans son cours, elle entraine des particules, sables, graviers limons & ce sont eux, les constituants minéraux qui vont user le rocher où l'eau s'insinue.
La roche, mise à nu par l'eau pourra être oxydée par les agent atmosphériques.
L'érosion est un phénomène de migration des masses mobiles à la surface du globe qui en conditions ordinaires s'accomplit à l'échelle de la planète & des temps géologiques.
Nous le voyons, pour user la montagne, les cinq éléments doivent s'unir. L'eau n'est que le vecteur de ce mouvement d'arasement, d'uniformisation du relief qui tend à faire de la planète une sphère parfaite. Les processus inverses existent qui créèrent les continents & poussent les massifs des montagnes à surgir sans fin depuis les fosses océanes pour devenir Alpes ou Andes, Kilimandjaro & Kailâsh. En conditions normales, l'orogenèse & l'érosion par le gel, le vent & la chute des cieux s'équilibrent & l'altitude au sommet du Mont Blanc ne varie guère au fil des ans.
L'érosion des sommets que les plantes ne sauraient protéger nourrit en minéraux la plaine. Dans la plaine, la vie s'installe & la pédogenèse nait. Les arbres s'emparent des minéraux & des eaux que leur sert la mère montagne & les transforment en sols. Les humains savent depuis l'invention du moteur thermique couper les arbres les plus hauts. Leur capacité de travail & d'organisation est telle qu'ils réinventèrent il y a cinq mille ans déjà l'érosion des plaines aussi. Ils inventèrent dans le même temps la culture en terrasses des serres & coteaux des cuestas & crêts.
Être pressé, être moderne.
Il présente l'avantage de nous permettre de rechercher & trouver l'emplacement exact des sources disparues.
Curer les rus & fossés à la pelle présente l'avantage d'un ouvrage progressif. L'eau en coulant se charge d'oxygène qui oxyde la roche & contibue de ce fait à la dissoudre, la désagréger. Les racines des plantes & arbres pénètrent alors ce substrat devenu disponible & l'édifient en sol.
Cette oeuvre tout en lenteur de la restructuration & reconstruction des sols par mobilisation progressive de la ressource en eau oblige parfois à rediviser des parcelles qui avaient été réunies au siècle passé.
Plus classiquement, l'agriculteur moderne emploierait une pelle mécanique en vue d'installer des drains en profondeur & agrandir les parcelles. Ce travail rapide coûte en argent & en énergie. Ensuite, une fois les drains installés, la parcelle se débarrassera très vite de toute eau par elle reçue & la pédogenèse n'en serait plus stimulée.
La méthode lente pour laquelle nous avons opté est empreinte de prudence & provoque moins d'érosion. Elle dynamise la genèse des sols. Elle nous enseigne à mesure de son accomplissement au fil des ans & qui sera sans fin, tous les processus en jeu dans le jeu entre le sol, les arbres & plantes & l'eau. Par elle, nous permettons qu'apparaissent de petites parcelles dont le sol présente une vie biologique intense & la flore, une vaste diversité.
Méfie-toi de l'homme pressé, dit-on.
Est-il pressé de mourir plus vite? Ce serait carence de vision. Est-il pressé pour devancer & supplanter ses contemporains? Ce serait absence de compassion. Est-il pressé de s'enrichir? En ce cas je l'approuve!
Durant plusieurs mois, je ne curai pas ces deux rus-ci.
Pourtant ils se creusèrent plus encore que si j'y avais travaillé & ce sans éroder le sol qu'ils traversent. Ils me montrent ainsi que leur existence était bien native. Leur disparition au vingtième siècle n'en était que par artéfact. Il ont désormais atteint la taille minimale de survie, si bien que si j'en venais à cesser mon travail de leur restauration, ils sauraient le poursuivre d'eux mêmes & retrouver les pentes qu'il parcouraient avant que le genre Homo n'existât.
Il est dit que l'eau toujours retrouvera un jour son lit d'origine. Notre action devrait être épisodique, ce afin de laisser aux élément une chance d'agir par eux-mêmes. Il est bon d'aider la terre à être, & ainsi que notre présence ne soit pas une charge trop lourde pour elle.
A la reconstruction du ru, un témoin visite en alternance. Peut-être est-il, visiteur discret, mon voisin paysan. Je n'ai en effet qu'un seul voisin agriculteur : nous sommes une race en voie de disparition dont subsistent encore quelques exemplaires sur le territoire de chaque commune de France.
Un empreinte de botte dans la boue, une pierre déplacée pointent en traces presque invisibles sa présence. Il me montre par ces signes de modestie qu'il n'objecte pas à ce que les sources coulent à nouveau, à ce que la vie retrouve son fil d'antan avec celui de l'eau. Il me transmet en d'imperceptibles actes, indices de la direction vers laquelle mon ouvrage pourrait s'orienter, m'encourage en silence, ne commente ni n'objecte.
Comment sait-il cet homme jeune la configuration des lieux au temps d'avant qu'il naisse ? A-t-il connu en ses courses d'enfance les vestiges de la source qui coulait encore au début du siècle dernier ? Son instinct lui dit que l’œuvre faite est en concorde de ce que la terre veut. Les aïeux guident son intelligence à savoir ce qui peut être ouvré sans dommage. Il ressent la joie de la terre qui revit. Il s'émerveille peut-être de ce qu'il n'osait plus imaginer possible.
Le ruisseau devait exister encore aux temps de son trisaïeul. Il est dit que nous pouvons enter en relation d'égalité avec nos trisaïeuls. Ce prochain, ce voisin qui hérita pour part au moins du génie paysan, de la psychologie ancienne pétrie de silence & perceptions fines - legs de ses ancêtres, les porte en lui-même & les conduit à visiter le lit du ru en restauration.
un humain à la fin de ses jours / douglas érable paddies
La cime du douglas géant de Ribeauvillé aperçue à travers le feuillage d'un érable voisin - grand, beau, fertile, vigoureux, il produit chaque année des millions de minuscules graines ailées. Combien d'entre-elles germent & combien de celles qui germent deviendront un grand arbre ? Là est l'abondance généreuse de la vie, sa stratégie à se perpétuer quoi qu'il advienne.
A rencontrer un humain à la fin de ses jours
un jeune enfant dans l'innocence tendre
le ciel nous est ouvert un instant nous touchons
à l'éternité.
Un érable sycomore jumelle torse dans la forêt domaniale de Ribeauvillé - bel exemple de forêt mixte où vivent ensemble feuillus & conifères. Le diamètre de son tronc avoisine 1 mètre, sa hauteur 145 pieds.
Son âge approche deux siècles.
Fukuoka suggère de l'améliorer encore en semant le riz au lieu de le planter.
Nous voyons ici la réapparition des terrasses anciennes par le seul fait d'avoir posé une clôture, c'est-à-dire cesser de traverser la frontière entre deux parcelles. Traverser avait aboli le décrochement, enterré le muret sous l'humus & bouché la rigole, rendant les parcelles incultes par hydromorphie.
Circuler de part & d'autre du muret tendait à l'abolir. Cessez de le franchir & il resurgit sans intervention même. Aux temps du bocage, la rigole d'écoulement se trouvait au pied du mur qui devait avoir une hauteur de trois pieds. Tel que nous le voyons, sa hauteur sans nulle intervention positive est de l'ordre d'un pied. Le comblement du fossé à cause des déprises agricoles, contribua à tirer les parcelles vers l'hydromorphie. Par erreur & ignorance nous creusâmes une rigole nouvelle deux mètres en avant du muret, du point où la photo est prise. Il y a dix ans, lorsqu'elle fut recréée, le lieu était embroussaillé, la terre dure comme béton & le muret tout à fait invisible. Les joncs régnaient en trône.
Dès sa recréation, de l'eau coula dans la rigole ou fossé. Il sera utile de lui redonner la position qu'elle avait initialement afin que son effet soit plein. Ce faisant le mur apparaitra jusqu'à sa racine.
Le gros chêne commença de pousser en 1914. Ses basses branches se développèrent en 1939. Nous le savons par analogie avec d'autres chênes en semblable position de lisière qui tombèrent il y a peu. Ces vieux arbres qui poussèrent dans l'eau ont en effet du mal à s'adapter aux conditions nouvelles & leur surnombre fait tomber les plus fragiles. La présence d'eau est la même qu'autrefois, mais plus en profondeur & de manière plus erratique au cours de l'an.
Le chêne plus petit à son côté a le même âge. Compte-tenu de leur situation, les deux vivent comme un seul individu : leurs racines se soudèrent il y a longtemps. De ce fait, le plus petit se comporte comme une branche verticale du plus gros.
Dans de nombreux climats où les humains aiment à vivre, la forêt constitue le stade naturel de la végétation. La totalité de l'énergie solaire reçue par une forêt sera absorbée par ses diverses strates végétatives. Elle correspond à un optimum biologique, ce que l'on nomme parfois le climax du lieu. Les bienfaits d'une forêt sont innombrables. La biomasse qu'elle accumule va permettre de nourrir les êtres vivants qu'elle héberge & protège. Elle fabrique en outre le climat du lieu, le sol, l'hydrologie, le paysage, l'épuration de l'air & de l'eau, que sais-je?
Un dilemme se pose alors à un agriculteur qui aime les forêts: comment produire de la nourriture sans devoir les détruire? La réponse fut apportée par nos ancêtres il y a longtemps. Ils la nommèrent “bocage”. De la même manière qu'un tube d'acier est à bien des égards aussi résistant qu'une barre pleine, quatre haies qui entourent une parcelle agricole peuvent accomplir les mêmes fonctions que la forêt originelle qu'il fallut défricher. La hauteur des haies & la taille optimale de la maille bocagère sont fonctions du type de culture, du climat & de la topographie. Un bocage bien agencé selon ces critères est le paysage agricole le plus productif dans l'instant & également le plus riche & stable à long terme.
C'est cette dynamique qui s'établissait dès que les glaciers se retiraient à la fin de la dernière glaciation - 12000 ans avant Jésus-Christ. Les essences champêtres dominèrent, & les premiers peuplements humains arrivèrent. D'ailleurs puisque les fruitiers ne sont qu'à la lisière d'une forêt, on conçoit que si la forêt est partout, il n'y a plus grand chose à manger en fruits. Les civilisation du mésolithique s'épanouirent grâce à cette abondance de fruits, grâce à la chênaie. Elles durent ensuite reculer devant l'assaut de la forêt. C'est-à-dire qu'en prenant goût pour la viande, les troupeaux avaient été complètement abattus du jour au lendemain, ce qui laissa place à de la forêt du fait de la cessation en conséquence de la déprédation qu'ils exerçaient sur les pousses d'arbres. Les bêtes des troupeaux d'alors n'étaient pas plus effrayées par ces bipèdes que par des oiseaux. Nous faisions partie du troupeau : s'approcher des bêtes pour les tuer était très facile. De surcroît, les peuplements s'établirent précisément sur les points clés des flux de troupeaux, les endroits dégagés. C'est alors une source de fertilité extrêmement importante & sur des distances énormes qui fut coupée, un peu comme lorsqu'un barrage est posé sur une rivière. Ce sont en effet les poissons remontant à leur lieu de ponte qui, en se faisant capturer, sont responsables de la quasi-totalité de la fertilité des zones de montagne. Ensuite, les sédiments amendent toutes les zones en contrebas. Établir des barrages bloquerait ces flux, & par surcroît ils relâcheront une eau très froide. C'est pareil pour le blocage des troupeaux : un point de non-retour fut franchit & les essences d'ombre dominèrent. La hêtraie est effectivement une forêt, quelque chose de sombre, & les récoltes certes astronomiques de faines & de champignons ne sont pas suffisantes.
Ce point fut franchi justement par la domestication des bêtes, des arbres & des herbes : l'agriculture, c'est à dire la mise en place de parc arborés en imitant la dynamique antérieure. Ces systèmes d'infield-outfield des civilisation agricoles du néolithique durèrent des milliers d'années, jusqu'à l'âge du fer. L'apparition alors d'armes d'une puissance nouvelle stoppa puis fit disparaître ces civilisations. Les invasions Celtes violèrent le paysage, instaurant une période de chaos & de luttes qui perdure encore. Les Celtes avaient effectivement poussé leurs techniques de forge au moins au même niveau que celles des forgerons Japonais du VIIe siècle & ce, deux millénaires plus tôt qu'eux. Comme on ne peut pas être au four & au moulin, leurs techniques agricoles étaient parallèlement d'un niveau très navrant. Dans la société celte, les hommes ne participant de toute façon même pas à l'agriculture; ils vivaient plutôt de chasse & de cueillette.
Comme tout ce qui vient du libéralisme, le poème de Baudelaire fait un "oui, mais" : "Oui, grands bois vous m'effrayez ... mais ... où vivent ... des êtres disparus aux regards familiers." Ce que nous nommons forêt est donc un milieu auquel il manque désormais quelque chose, creux. Quand on attache l'idée de fertilité au mot forêt, on pense en réalité à un parc arboré, & non pas ce qui est au-delà du parc.
Merci Yann pour ce long commentaire qui résume les douze mille ans de ma courte vie. Adolescent, les coupeurs, tailleurs & autres élagueurs me terrifiaient - en ces temps reculés, la race des tondeurs frénétiques n'existait pas déjà dans nos campagnes. Je voulus être forestier pour protéger nos frères debout. Puis je m'aperçus que les forestiers, poussés par l'objectif de rentabilité, coupaient les arbres eux aussi. En suite d'errements, interrogations, méditations, observations & découvertes, je devins paysan d'un bocage que nous laissons se reconstituer. Ton commentaire par extraordinaire décrit ce cheminement de gratitude.
Le paysage, point d'horizon où ciel & terre se touchent.
la demi-lune & le bouleau - un croissant fertile
Acacia morishima
propriété & propreté - l'or humus.
L'humus des transformations est la définition même de la propreté car en lui les déchets annulent leur nature de déchet en se transformant. Le déchet en soi est ce qui a cessé toute transmigration & de ce fait s'accumule en un lieu.
Détruire l'humus en invocation d'un sens impropre du mot propreté est pour tout dire un non-sens. Le brûlis salit l'air. La fumée qui contient beaucoup de vapeur en révèle combien les branchages étaient riches en eau. En s'envolant, la vapeur entraine de précieux ions nutritif capturés en gaz & tout l'azote aussi, perdu, brûlé. La chaleur en révèle combien les débris végétaux étaient riches de soleil, toute énergie rare qui sera perdue pour toujours. Les alternatives au brûlis sont l'andain ou le broyât ou plus simplement laisser les branchage au sol, sachant qu'un rameau du diamètre d'un doigt en climat tempéré se fragmente en six mois. Il sèche au soleil, protégeant le sol, & pourrit à la pluie pour libérer les chaînes molécules de la lignine. Par dessication ou pourrissement, le rameau s'efface. Qui attendit trente années pour couper la forêt ne peut-il attendre six mois de plus?
L'excès d'information nous paralyse. L'humus des formidables transformations nous nourrit. Cette substance dont les propriétés que nul encore ce jour ne décrivit avec la précision nécessaire sont à la quintessence de la définition de toute propreté. Elle ne saurait donc être la propriété de quiconque. Le brûlis salit l'ombre même du bûcheron.
Dans le nord de la Creuse, deux tiers des arbres naquirent en 1914 & l'autre tiers, en 1939. Au tournant du siècle dernier, le paysage ressemblait à ceux de l'Inde des Afghanistan & de la Grèce de ce jour, nus, sur-pâturés d'ovins, peuplés d'âmes pauvres, de poussière & de roc. Chaque paysan mort à la guerre se réincarna en mille arbres. Ce phénomène fut décrit comme exode rural par les historiens, déprise agricole des géographes, accrus forestiers par reboisement naturel en la science des agronomes.
Le geai rare tire son nom de ce qu'il est le jardinier de la campagne. Les geais sont des oiseaux vifs & actifs. Leurs couleurs & bavardages incessants nous enchantent. Ils savent transporter les graines d'arbres des plus grandes tailles, marrons, noix, amandes, noisettes, châtaignes, glands & faines. C'est ainsi qu'ils jardinent le reboisement, mêlant aux arbres pionniers de semence légère – pins, bouleaux, trembles, frênes, aulnes, ailantes, ormes, robiniers, mélèzes, érables, merisiers – les essences appelées à constituer la forêt pérenne. Si le bois ne se constitue pas trop vite & si des résineux acclimatés – épicéas, sapins, douglas, cèdres – se trouvent à proximité, leurs graines transportées par le vent pourront germer sous le feuillage léger des pionniers. Ainsi les boisements mixtes se constituent. Les résineux digèrent la roche en profondeur. Les feuillus nourrissent la surface du sol en humus doux. Les résineux fixent dans leur bois & stockent dans l'humus brut le carbone de l'atmosphère. Les feuillus le mobilisent, le mettent à disposition dans la chaîne alimentaire par leur production de graines. La dominante de la forêt sera résineuse en sol pauvre ou climat rude, feuillue si le sol est frais & profond. En stations intermédiaires, pins, sapins & douglas cohabitent avec les hêtres & les chênes en une alternance d'assolements successifs dont l'échelle de temps est de l'ordre du siècle ou du demi-siècle en zones à climats tempérés.
Au Japon, en Californie, en Méditerranée, il est des résineux aux feuilles en écailles ou en aiguilles - thuyas, stugas, pseudostugas, séquoias, séquoiadendrons, métaséquoias, douglas, cyprès, cèdres, sapins - qui peuvent constituer de vrais peuplements dans les zones de sols riches. On parle alors d'inversion de végétation en ce sens que ce seront dans ces cas des résineux qui occuperont les biotopes les plus évolués, les sols les plus âgés. La distinction entre gymnospermes & angiospermes, feuillus & résineux est purement botanique ou culturelle: la nature dans son fonctionnement écologique ne raisonne pas. Elle résonne plutôt & utilisera dans chaque cas l'espèce la plus adaptée disponible à proximité.
Trop d'activité humaine - & nous voyons en cela tout l’intérêt du non-faire qui nous demande de nous poser, observer & voir avant d'agir - risque d'éradiquer une espèce d'une région. Ensuite, seuls les humains également pourront réintroduire cette espèce ou une espèce qui pourrait occuper la niche écologique laissée vacante. Tant que cette réintroduction n'a pas lieu, la vacance demeure & peut durer siècles ou millénaires. Le geai rare* jardine le paysage & reconstitue la variété du boisement. A l'inverse, les tondeurs de gazon empêchent ce phénomène. Une scie à chaîne de tronçonneuse nous permet de couper un arbre à grand bruit. Avec le même volume de décibels, une tondeuse à gazon en détruit cent à chaque coupe, cent arbres potentiels qui auraient pu germer & pousser dans l'espace tondu. Les nobles anglais inventèrent l'usage du gazon. Les petits bourgeois aux USA les imitèrent. Le monde entier ensuite voulut imiter l'Amérique car elle évoquait dans l'imaginaire le symbole de la puissance financière, de la surabondance en toute chose, de l'aisance & du gaspillage gratuit sans fin. La carence de l'éthique qui sous-tendait ce symbole se dévoile désormais & il est de ce fait en train de s'affaiblir, ce qui donnera une chance nouvelle aux arbres.