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photosynthèse continue

L'agrinature tend vers la pratique native d'agriculture n'utilisant que les ressources du vivant en son effort de néguentropie insufflée par l'injection constante dans l'écosystème Terre des photons que lui dispense maître Soleil, étoile moyenne de la galaxie.

deux chaînes trophiques

La nourriture des plantes est pour l'essentiel un triptyque constitué par l'hydrogène de l'eau, le dioxyde de carbone de l'air & par voie indirecte l'azote de l'air.  Utiliser toute l'eau & tout le soleil disponibles en un lieu tout au long de l'année est l'enjeu d'agrinature.

observante attention

Cela signifie que le seul intrant en cette pratique agricole est d'énergie solaire. De ce fait nous prendrons soin à observer que les plantes présentes puissent faire emploi autant que faire se peut de ces deux ressources données à tous. - la lumière solaire & l'eau des précipitations.

prélever part infime

Deux parts au moins de la production est destinée à la fabrication des sols & une part prélevée comme nourriture. Nous intervenons le moins qu'il est possible afin de laisser aux êtres vivants de l'écosystème champ toute latitude d'oeuvrer selon leur nature propre.

simplicité du complexe

Pour que ces êtres puissent exister, nous devons proscrire l'usage des substances de synthèse que le vivant ne sait pas métaboliser.  C'est la diversité qui assure l'ensemble des fonctions requises & ce par le moyen de la complémentarité biologique des êtres.

humus & sens pratique

Les notions de pédogenèse sont l'essence de l'agrinature : la Terre doit redevenir terreuse, refabriquer ses sols. A l'échelle d'un siècle l'agronomie envisagera une combinaison des deux pratiques. Des paysans, paysannes, chercheurs & chercheuses affineront des méthodes applicables à plus grande échelle & éventuellement des machines simples & légères. Celles disponibles ce jour sont trop complexes, trop pesantes sur le sol & de ce fait trop voraces en énergie.

projection en nutriments

Des petites parcelles sont le cas idéal car les lisières & bordures sont des points de grande richesse biologique & parce qu'il est besoin d'arbres pour garder & fabriquer le sol. La production locale permet aussi le retour, le "recyclement" de la matière organique pour l’auto-fertilisation.

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réinventer les rus des terrasses antiques / paddies 4p8K

terrasses, bocages & rizières / réinventer les rus des terrasses antiques / paddies

réinventer les rus des terrasses antiques / paddies 6p40K
  • Réinventer les rus des terrasses antiques. /rain, stream, terraces & woods - le génie rural des eaux & des forêts - Que l'eau circule, sang de la terre!

Nous voyons ici le re-creusement depuis 5 ans du ruisseau temporaire de Terranche.  Nous le curons au moins deux fois l'an, déposant par préférence la vase sur ce qui deviendra la terrasse haute.  Les signes de l'existence éternelle du ru avant sa recréation étaient trois points d'hydromorphie & quelque présence en sous-sol de gros blocs de pierre, trace ancienne d'un talus ou muret détruit.  Deux bassins de rétention des matières qui sont emportées par l'eau furent établis en tout premier lieu au bas des parcelles.  Ainsi, nous pouvons sans dommage utiliser le flux de l'eau comme principal agent de creusement du ruisseau.  Abaisser le niveau de l'eau dans le sol en ces trois points marécageux permet à l'oxygène & en conséquence la vie biologique d'y resurgir.  C'est ce que nous nommons le drainage de pédogenèse selon la définition du sol d'un espace prospecté de racines.  Cette pédogenèse qui fait croître plus vite le sol sur la future terrasse haute - par accumulation, gonflement & sur-nutrition - établira en dix ans deux terrasses soli-pluviales.  Planter des arbres sur la rive haute aidera aux, accélérera les trois processus.

  • Un  puits n'est plein que du soleil. - rain water & sunlight.

Un nouveau critère vient d'être inventé, plus précis que l'empreinte écologique, qui mesure la dépense en eau que nécessita un produit donné.  Il est besoin d'une tonne d'eau pour produire un kilogramme de blé.  Il en  faut dix fois plus pour la viande de bœuf.  Ce critère pourrait aisément être converti en son équivalent en énergie solaire, sachant que toute eau dut être évaporée par la chaleur solaire & monter dans les nues à dix kilomètres d'altitude avant sa retombée en pluie & être disponible aux humains, aux plantes & aux animaux.  Le nombre de calories nécessaire à transformer de l'eau en vapeur est énorme & ces données atteindraient rapidement des valeurs astronomiques si nous les mesurions en vue d'en prendre la mesure.

  • Yann le 04/09/2012 :  Attention, "un kilo de viande de bœuf c'est dix kilo de blé" serait un raccourci dangereux. L'enfer est pavé de bonnes intentions : j'ai bien peur qu'il s'agisse de dix kilo de blé en monoculture avec retournement du sol, stimulants chimiques & pesticides & non pas en non-culture. Il y a mort des sols à grande échelle si on se met à labourer jusqu'à la dernière des pâtures : quand on ne le fait pas en non-culture il est évident qu'il faut aussi prendre en compte l'érosion annuelle mesurable en tonnes de terre à l'hectare qu'une culture de blé, de pomme de terre ou quoi que ce soit d'autre demande. Savoir combien d'eau passe par un être vivant est loin d'être une donnée suffisante, ou alors c'est déjà une donnée en trop. On s'en tirerait mieux de convertir les terres agricoles en pâture-vergers et que les cultures érosives soit très locales.

Le bœuf & le blé sont à relier en un équilibre agro-sylvo-pastoral. Sur ce point c'est même la pâture qui est plus utile que le blé.
Une céréale n'a certainement pas quatre pattes pour aller chercher son eau ; elle ne sera jamais aussi régénératrice que des herbes pérennes & ne peut monter la colline pour écoper l'eau et les éléments. Qu'un bovin brasse - & non pas consomme - beaucoup d'eau est un avantage, car il faut bien que les herbivores vivent. Ils ne gaspillent rien tant qu'ils sont en des conditions normales d'activité. Ils sont un chef-d’œuvre, une réussite de la nature. L'histoire de Caïn et Abel en atteste. Leur rôle dans la création des sols est immense.
Le raccourci opère possiblement un renversement de la pensée : les systèmes permanents pollueraient, seraient destructeurs & à l'inverse les culture érosives seraient saines et économiques.
L’Amérique du Nord quelques siècles plus tôt, lorsque le biotope était encore naturellement cultivé par les natifs, élevait spontanément un cheptel deux fois plus large qu'elle ne le fait maintenant industriellement. Si on prend le raccourci on en conclurait que ces systèmes naturels avaient une mauvaise empreinte écologique & que décidément la nature n'y connaîtrait rien en écologie.
Ensuite on peut refuser de manger de la viande. Alors, à l'exemple de l'Inde où on mange peu de viande mais où se trouve le plus gros cheptel bovin sur Terre quand même. On a besoin d'énormément de bétail à fortiori si on ne le mange pas.
"En fin de compte, lorsqu'on les examine selon une perspective plus large, nombre de ces efforts pour protéger l'écologie naturelle sont effectivement destructeurs".
C'est-à-dire qu'il se trouve un mouvement antinaturel à l'opposé même des gens qui prônent l'équilibre naturel. Ceux qui se rattachèrent à ce mouvement pensaient qu'en l'an 2000 nous allions vivre complètement hors-sol et pouvoir nous nourrir de pastilles & habiter des villes en damier. Les plus proches de cet état se créent des interdit alimentaires, puis absorbent des compléments industriels, protéines de chimères génétiques, et décoctions de je sais pas quoi.
On voit que faute de pastilles, on s'est rabattu sur les aliments venant de plantes, car il existe cette vision ancienne ou moderne du végétal comme quelque chose de minéral, insensible, asexué donc pur, de génération spontanée, sans chair, sans pêché.

La réalité nous montre l'inverse : c'est le monde le plus intelligent, le plus actif, à la libido la plus immorale imaginable. Le rhume des foins est une réaction envers les végétaux qui nous inondent de leurs spermatozoïdes en forme de pollen.  Toutes les espèces végétales sont plus roublardes les unes que les autres. Manger du pain ou de la viande n'est pas différent.

L'automobile individuelle est le plus grand gaspillage énergétique : déplacer une tonne d'acier pour transporter une seule personne !  Les égouts sont le véritable gaspillage de l'eau, car l'eau alors n'est utilisée que comme le vecteur de nos déchets.  Elle perd en cela son caractère sacré!

  • Yann le 07/09/2012 :

C'est lorsque l'eau traverse un biotope sans être utilisée qu'il se présente un gaspillage, puisque l'eau sera de toute façon évaporée donc de l'énergie dissipée.

Pour ce que nous tirons de la terre, une question plus simple c'est combien de matière terre, combien de tonnes de sol sont perdues par kilo aliment qui en est exporté.

Ce critère alors est réellement objectif & simple puisqu'il est fonction non pas d'un aliment, mais de la manière dont on l'obtient.

  • Soit le mode cultural est érosif, soit il ne l'est pas.

Qu'est-ce qui crée de la terre, du sol ? Potentiellement, tout. L'eau suivra, car il s'agit de se servir de la forêt, des pâtures et des plans d'eau.

D'ailleurs un champ de blé sous sa forme véritable est finalement une pâture, comme je l'avais fait remarquer dans un commentaire précédent, la non-culture c'est la pâture par le troupeau de bêtes & le troupeau qu'est le sol . Le sol est un troupeau sans nombre de micro-organismes de tous types - algues bleues ou cyanobactéries, levures, bactéries, etc...

  • marssfarm le 09/09/2012 :

La pluie qui atteint le sol & ne peut y entrer par suite que la trame de haies, talus, mares, tourbières, prés de frais, bosquets, bois & forêts fut détruite, y ruissèle & l'érode en lessivage de surface - dit horizontal - ou de pente, la pluie qui atteint le sol & y entre en lessivage de profondeur - dit vertical - parce que nul arbre n'y est présent pour la freiner, l'utiliser : ces deux pluies érodent notre seul capital, notre unique commun, le sol.

A l'inverse, toute pluie qui tombe au sol & peut y être utilisée par les plantes en saison ou à défaut par les arbres hors saison : en ces deux saisons ces pluies bâtissent notre unique capital, notre seul commun, le sol.
Les troncs des arbres des haies sont des obstacles mécaniques au ruissellement.
Les racines des arbres des haies sont les ouvertures pour que sol absorbe toute eau reçue.

  • 5 000 ans avant l'écologie - farmed land - la surface agricole utile.

Krishna passa son enfance parmi les laitières de Gokul. Vacher, il menait le troupeau vers cet espace de campagne dessiné de petits champs, prés & bosquets dont nombre d'entre nous rêvent encore & souvent.  C'était il y a cinq mille ans à la fin de l'âge de bronze.

Lorsque nous mangeons de la nourriture qui crut à la manière naturelle, en agrinature, nous sommes surpris d'être nourris par de si faibles quantités.  Cette nourriture est concentrée.  De plus, étant dépourvue de pesticides, elle ne génère pas de maladies.  J'inclus dans les maladies de ce temps la dépression, psychoses & névroses que le stress de tous ces produits chimiques qui "transversent" jusqu'à nos cerveaux, induisent.  Nous perdons peu à peu la notion de ce qu'est la nourriture.  Nos estomacs ne se ressentent pas repus même lorsqu'ils sont pleins de ces céréales frelatées produites par tonnes à l'hectare sur des millions d'hectares en des parcelles de centaines d'hectares.

Quand une vache laitière est vieille, deux options se présentent, l'enterrer ou la manger.  En élevage, on les nomme des vaches de réforme, écartées pour le renouvellement du troupeau laitier : le calcul lors d'un quelconque rendement écologique n'aurait plus sens, car il s'agit surtout de renouveler le troupeau.  La comparaison entre le bilan hydrique du blé & du bœuf permet d'ouvrir deux questions : d'une part celle des bovins élevés seulement pour leur viande & d'autre part celle de la viande considérée comme l'aliment par excellence.

En langue ancienne, le mot viande signifiait simplement vivre, nourriture.  Au temps où la noblesse s'empara de l'aliment chair animale & le fit sien presque à l'exclusive, le sens peu à peu glissa.  L'apparition des bourgeoisies consacra le sens nouveau du fait que cette caste nouvelle contestait la position des nobles pour l'usurper.  Il faut voir la viande comme un produit annexe de l'élevage laitier ou de la production d’œufs & de ce fait, un aliment de complément & non pas principal.

Les éleveurs du Limousin font pâturer une parcelle quatre, cinq ans ou plus avant de la semer en céréales. Cela signifie qu'au plus un cinquième de la surface de la ferme est dévolue à la culture.  Pour s'assurer d'une production maximale, tout le fumier disponible est épandu par surcroît sur ces mêmes parcelles.  André Pochon mit en pratique les idées d'André Voisin & en expose cette pratique dans son ouvrage, « La prairie temporaire à base de trèfle blanc. »  Dans ces conditions, le calcul nous donne pour un kilogramme de blé, non pas une tonne d'eau, mais cinq & révèle alors sa limite, comme c'est toujours le cas en matière de chiffes en fin de compte !

Ce que montre simplement l'article précédent, c'est que l'eau nous parvient grâce à l'énergie du soleil, conformément aux principes du cosmos ou à la théorie de la relativité qui clament que l'élément eau naît par voie directe de l'élément feu -

E = m . C 2 - voir à ce sujet un article précédent au sujet des cinq éléments.

Ce principe fut énoncé par des sages vingt mille ans avant l'invention du terme d'écologie.  Ils en perçurent la teneur par intuition ou perception directe.

  • à la source d'une source, un arbre - trees together - un arbre de haie, une haie d'arbres.

Quand une pluie atteint le sol & son eau ne peut y entrer parce qu'il est nu ou tassé, & ruisselle de ce fait à sa surface,  elle l'érode en lessivage de surface ou de pente - dit horizontal.

Cela se produit par suite que la trame de haies, talus, mares, lacs, tourbières, prés de frais, bosquets, bois & forêts fut détruite ou endommagée & de ce fait devenue discontinue, voire disparue.

Quand une pluie atteint le sol & son eau s'y infiltre, mais le traverse parce que nul arbre n'y est présent pour la freiner & l'utiliser, elle le dégrade par ce lessivage de profondeur - dit vertical.

En ces deux occurrences, les pluies participent de l'érosion de notre seul capital, notre unique commun, le sol.

Quand à l'inverse, une pluie tombe au sol & son eau y pénètre & peut être utilisée par des plantes en saison ou à défaut par des arbres hors saison parce que les unes ou les autres ou les deux sont présents – alors en ces deux cas, l'eau de la pluie, utilisée par plantes & arbres, bâtit lors notre unique capital, notre seul commun, le sol de détritus, débris, déchets & excréta.

Les troncs des arbres des haies sont des obstacles mécaniques au ruissellement.

Les branches & feuilles amortissent la chute & réduisent l'énergie de l'impact des gouttes au sol.
Les racines des arbres des haies ouvrent dans le sol les ouvertures indispensables pour qu'il - le sol - ait la capacité d'absorber la moindre goutte de toute eau reçue.

La trame variée des haies & zones d'eau assure la continuité de ces phénomènes : érosion & protection des sols sont des données qui ont trait à la collectivité ensemble par force.

En revanche, des discontinuité apparaissent dans la trame du paysage par suite de nos désunions dont nos faiblesses sont causes.

Lors, la pédogenèse s’interrompt : notre capital sol s'érode.

  •  une cascade entre deux terrasses à la Terranche - bocages

Le premier de février juste un peu avant le début de printemps...

il pleuvait.  Il neigeait.  Nous étions pris de maladie & de fatigue, de froid & de courbatures, trempés de pluie & sueur mêlées.  Nous recréâmes à deux en quelques heures un ruisseau tel qu'il était il y a mille ans.  Nous le fîmes aboutir en l'esquisse d'un bassin de rétention.  Le bassin plein, nous dûmes l'ouvrir juste au dessous vers le mur de la terrasse pour qu'elle y tombe en une chute d'eau de trois mètres de haut.  En contrebas, nous devinions la trace antique de la mare qui jadis la recevait ce ruisseau détourné pour abreuver les champs.

Par ces actions accomplies de manière intuitive & sous la nécessité impérieuse de ce qui advient sur le terrain, nous retrouvons la fonction & la puissance du génie rural des eaux & des forêts, corps fondé par Philippe le bel il y a huit cents ans.

La constitution de ce corps par le roi n'était pas une apothéose de la science, mais bien au contraire une tentative de formaliser & compiler en les rendant académiques toutes les connaissances & compétences qui existaient lors dispersés dans le savoir des peuples, dans l'oeil & la main des vils manants.  Ce savoir-faire était en danger de se disperser & de se perdre & il fallait en récupérer des bribes pour qu'en demeurât trace.

Ce qui est frappant au sujet de cette parcelle, c'est qu'après y avoir recréé le début du ruisseau aux débuts de la ferme, j'en avais ensuite contemplé le spectacle dix ans durant sans pourtant trouver de réponse à la question que la mauvaise santé du sol posait.  Le ruisseau existait, mais l'ouvrage n'était pas terminé & je ne savais pas encore où devait couler la suite de sa course.  La stérilité affligeante des trois parcelles contiguës m'étonnait sans que je puisse toutefois en mettre à jour la cause.

Un jour que Sapoork vint, elle vit la configuration des lieux & d'un coup d’œil sut ce qui pouvait & devait être fait : conduire le ru le long de la première terrasse.  Cette direction n'est à l'évidence pas le chemin naturel du ruisseau, mais ce que la terre nous dit alors & qu'un œil neuf sut voir, c'est que cette voie de l'eau en bord de la terrasse haute avait dû exister par le passé.  La haute vibration que nous perçûmes alors de son passage passé inscrit dans le sol montrait que ce chemin surprenant de l'eau avait longtemps été utilisé - sans doute des siècles ou peut-être même des millénaires.

Il faut noter en la matière que c'est une forme d'expression de la terre & la conformation des lieux qui nous dictèrent ce que nous devions faire - & c'est là une part du non-faire.  Il faut également noter que la solution ne pouvait & ne devait pas naître des observations d'une seule personne.  Elle dut résulter d'un ouvrage agi par un groupe.  Dans le cas général, le actes en matière de notre environnement devaient émaner de la communauté locale & par une correction permanente, devenant un œuvre du collectif.  Ici réside une deuxième part du non-faire.  Notons par surcroit que j'avais au cours des dix ans écoulés épargné sans y toucher en quoi que ce soit le bord de la terrasse, ce qui lui permit de s'élever - car tout sol que nul ne foule croît particulièrement vite.  Parce que le sol y crut & s'éleva, le bord de la parcelle maintenant se découpe avec netteté & celle qui semblait il y a dix ans juste une parcelle ordinaire apparut ainsi peu à peu & de plus en plus comme l'ancienne terrasse qu'elle avait été & est en passe de redevenir.  C'est par ce truchement de la croissance d'un sol intact qu'un œil nouveau put la voir enfin.

Le fait que j'ai épargné le bord de la parcelle dix ans durant révèle une troisième part du non-faire qui agit dans le subconscient du paysan : quelque idée intuitive m'empêcha de toucher cette bordure sans que j'en sus la véritable raison qui était de permettre à la forme terrasse de se manifester à nouveau.  Il y eut naturellement des raisons objectives au fait que je ne touche point à ce bord, mais ce n'est pas vers elles que je porte le regard, les jugeant tout à fait accessoires.  Je me laissai guider comme par une forme de volonté qui émanait du granite sans j'en eus conscience pourtant.

Quelle est la nature de cette énergie, de cette parole de silence ?  Provient-elle de la roche où s'inscrivirent aux siècles du passé les événements tels que la présence d'un ru ici où là?  Est-ce qu'une forme de subsistance des personnes qui vécurent ici  y réside encore en un résidu & de leurs actes & pensées?  Je sus cependant qu'une présence s'exprimait sans connaître plus ce qui passait par elle, ce que sa connotation particulière signifiait.  Ce qui importait, c'est que j'obéis à l'injonction qui me porta à ne pas toucher ce bord de la parcelle.

Il est bien d'autres facettes au non-faire & nous en parlerons à l'article suivant.

---

  • Le scintillement roulé de la cascade résonna en écho dans la ramure du grand châtaignier
  • surpris d'avoir tant attendu ce jour entendu.
  • Déjà le sol en la parcelle haute gonfle, libéré par le cours habile du courant qui abonde en sa course sanguine.
  • Bientôt la parcelle basse aussi se gonflera d'aise en ses minéraux abreuvés.
  • Une cascade à Terranche!
  • Voilà mille ans que notre châtaignier l'espérait !

une contrée ouverte vers l'espace

  • L'eau seule ne peut éroder la montagne.

Ce n'est que par évaporation sous la chaleur du rayonnement solaire qu'elle acquit dans les nuées du ciel cette énergie potentielle qui la poussera plus tard à dévaler les pentes.

Elle descend, attirée plus bas par la masse de la terre.  Dans son cours, elle entraine des particules, sables, graviers limons & ce sont eux, les constituants minéraux qui vont user le rocher où l'eau s'insinue.

La roche, mise à nu par l'eau pourra être oxydée par les agent atmosphériques.

L'érosion est un phénomène de migration des masses mobiles à la surface du globe qui en conditions ordinaires s'accomplit à l'échelle de la planète & des temps géologiques.

Nous le voyons, pour user la montagne, les cinq éléments doivent s'unir.  L'eau n'est que le vecteur de ce mouvement d'arasement, d'uniformisation du relief qui tend à faire de la planète une sphère parfaite.  Les processus inverses existent qui créèrent les continents & poussent les massifs des montagnes à surgir sans fin depuis les fosses océanes pour devenir Alpes ou Andes, Kilimandjaro & Kailâsh.  En conditions normales, l'orogenèse & l'érosion par le gel, le vent & la chute des cieux s'équilibrent & l'altitude au sommet du Mont Blanc ne varie guère au fil des ans.

L'érosion des sommets que les plantes ne sauraient protéger nourrit en minéraux la plaine.  Dans la plaine, la vie s'installe & la pédogenèse nait.  Les arbres s'emparent des minéraux & des eaux que leur sert la mère montagne & les transforment en sols.  Les humains savent depuis l'invention du moteur thermique couper les arbres les plus hauts.  Leur capacité de travail & d'organisation est telle qu'ils réinventèrent il y a cinq mille ans déjà l'érosion des plaines aussi.  Ils inventèrent dans le même temps la culture en terrasses des serres & coteaux des cuestas & crêts.

  • L'orogenèse est un flux vers le haut dont le moteur est la chaleur résiduelle - feu dont l'origine date de l'époque d'apparition du soleil & son système de planètes - & la radioactivité dans le manteau sis sous la croûte terrestre.
  • Sa vitesse est définie donc par la vie de la Terre.
  • En revanche les actes des humains peuvent freiner ou accélérer les processus inverses
  • - vers le bas sous l'action gouvernée par les flux de l'eau - de l'usure des reliefs,
  • construire les plus fertiles contrées ou désertifier l'espace,
  • conserver la beauté des reliefs ou aplanir le globe.

Être pressé, être moderne.

  • Recréer les rus à la main est un travail de patience.

Il présente l'avantage de nous permettre de rechercher & trouver l'emplacement exact des sources disparues.

Curer les rus & fossés à la pelle présente l'avantage d'un ouvrage progressif.  L'eau en coulant se charge d'oxygène qui oxyde la roche & contibue de ce fait à la dissoudre, la désagréger.  Les racines des plantes & arbres pénètrent alors ce substrat devenu disponible & l'édifient en sol.

Cette oeuvre tout en lenteur de la restructuration & reconstruction des sols par mobilisation progressive de la ressource en eau oblige parfois à rediviser des parcelles qui avaient été réunies au siècle passé.

Plus classiquement, l'agriculteur moderne emploierait une pelle mécanique en vue d'installer des drains en profondeur & agrandir les parcelles.  Ce travail rapide coûte en argent & en énergie.  Ensuite, une fois les drains installés, la parcelle se débarrassera très vite de toute eau par elle reçue & la pédogenèse n'en serait plus stimulée.

La méthode lente pour laquelle nous avons opté est empreinte de prudence & provoque moins d'érosion.  Elle dynamise la genèse des sols.  Elle nous enseigne à mesure de son accomplissement au fil des ans & qui sera sans fin, tous les processus en jeu dans le jeu entre le sol, les arbres & plantes & l'eau.  Par elle, nous permettons qu'apparaissent de petites parcelles dont le sol présente une vie biologique intense & la flore, une vaste diversité.

Méfie-toi de l'homme pressé, dit-on.

Est-il pressé de mourir plus vite?  Ce serait carence de vision.  Est-il pressé pour devancer & supplanter ses contemporains?  Ce serait absence de compassion.  Est-il pressé de s'enrichir?  En ce cas je l'approuve!

  • le génie rural des eaux & des forêts

Durant plusieurs mois, je ne curai pas ces deux rus-ci.

Pourtant ils se creusèrent plus encore que si j'y avais travaillé & ce sans éroder le sol qu'ils traversent.  Ils me montrent ainsi que leur existence était bien native.  Leur disparition au vingtième siècle n'en était que par artéfact.  Il ont désormais atteint la taille minimale de survie,  si bien que si j'en venais à cesser mon travail de leur restauration, ils sauraient le poursuivre d'eux mêmes & retrouver les pentes qu'il parcouraient avant que le genre Homo n'existât.

Il est dit que l'eau toujours retrouvera un jour son lit d'origine.  Notre action devrait être épisodique, ce afin de laisser aux élément une chance d'agir par eux-mêmes.  Il est bon d'aider la terre à être, & ainsi que notre présence ne soit pas une charge trop lourde pour elle.

  • témoin à la restauration du ru - rebirth of a stream

A la reconstruction du ru, un témoin visite en alternance.  Peut-être est-il, visiteur discret, mon voisin paysan.  Je n'ai en effet qu'un seul voisin agriculteur : nous sommes une race en voie de disparition dont subsistent encore quelques exemplaires sur le territoire de chaque commune de France.

Un empreinte de botte dans la boue, une pierre déplacée pointent en traces presque invisibles sa présence.  Il me montre par ces signes de modestie qu'il n'objecte pas à ce que les sources coulent à nouveau, à ce que la vie retrouve son fil d'antan avec celui de l'eau.  Il me transmet en d'imperceptibles actes, indices de la direction vers laquelle mon ouvrage pourrait s'orienter, m'encourage en silence, ne commente ni n'objecte.

Comment sait-il cet homme jeune la configuration des lieux au temps d'avant qu'il naisse ?  A-t-il connu en ses courses d'enfance les vestiges de la source qui coulait encore au début du siècle dernier ?  Son instinct lui dit que l’œuvre faite est en concorde de ce que la terre veut.  Les aïeux guident son intelligence à savoir ce qui peut être ouvré sans dommage.  Il ressent la joie de la terre qui revit.  Il s'émerveille peut-être de ce qu'il n'osait plus imaginer possible.

Le ruisseau devait exister encore aux temps de son trisaïeul.  Il est dit que nous pouvons enter en relation d'égalité avec nos trisaïeuls.  Ce prochain, ce voisin qui hérita pour part au moins du génie paysan, de la psychologie ancienne pétrie de silence & perceptions fines - legs de ses ancêtres, les porte en lui-même & les conduit à visiter le lit du ru en restauration.

  • Ce sont eux qui parlent & en silence agréent.

un humain à la fin de ses jours / douglas érable paddies

un humain à la fin de ses jours /douglas érable paddies 3p0K

La cime du douglas géant de Ribeauvillé aperçue à travers le feuillage d'un érable voisin - grand, beau, fertile, vigoureux, il produit chaque année des millions de minuscules graines ailées.  Combien d'entre-elles germent & combien de celles qui germent deviendront un grand arbre ?  Là est l'abondance généreuse de la vie, sa stratégie à se perpétuer quoi qu'il advienne.

  • Aux cœurs qui parlent en silence de ce qu'il est.

A rencontrer un humain à la fin de ses jours

un jeune enfant dans l'innocence tendre

le ciel nous est ouvert un instant nous touchons

à l'éternité.

  • photo missing

Un érable sycomore jumelle torse dans la forêt domaniale de Ribeauvillé - bel exemple de forêt mixte où vivent ensemble feuillus & conifères.  Le diamètre de son tronc avoisine 1 mètre, sa hauteur 145 pieds.

Son âge approche deux siècles.

  • sycamore maple, Acer pseudoplatanus - Its girth is 2.98 m measured at a height of 1.50 m.  As it might be a tree with multiple trunks, the girth can be larger than what would be expected of a tree of this age.  Its height was 42.50 metres on April 25, 2013 - laser with Sine method, e.g. Nikon Forestry 550 laser rangefinder.  It was planted around the year 1863, which makes it 151 ± 30 years old. - photo by Marc Meyer & Sisley

0.18 - le grand Négus n'était plus roi que de lui-même - p

  • La photo nous révèle la perfection des paddies en Indonésie, coopération entre le collectif des humains & les saints cinq.

Fukuoka suggère de l'améliorer encore en semant le riz au lieu de le planter.

  • réinventer le bocage mourru / terrasses, bocages & rizières.
23.3 - Quel est l'âge de la branche ? - a warlike tree - p
  • terrasses, bocages & rizières - Quel est l'âge de la branche ?

Nous voyons ici la réapparition des terrasses anciennes par le seul fait d'avoir posé une clôture, c'est-à-dire cesser de traverser la frontière entre deux parcelles. Traverser avait aboli le décrochement, enterré le muret sous l'humus & bouché la rigole, rendant les parcelles incultes par hydromorphie.

Circuler de part & d'autre du muret tendait à l'abolir.  Cessez de le franchir & il resurgit sans intervention même.  Aux temps du bocage, la rigole d'écoulement se trouvait au pied du mur qui devait avoir une hauteur de trois pieds.  Tel que nous le voyons, sa hauteur sans nulle intervention positive est de l'ordre d'un pied.  Le comblement du fossé à cause des déprises agricoles, contribua à tirer les parcelles vers l'hydromorphie.  Par erreur & ignorance nous creusâmes une rigole nouvelle deux mètres en avant du muret, du point où la photo est prise.  Il y a dix ans, lorsqu'elle fut recréée, le lieu était embroussaillé, la terre dure comme béton & le muret tout à fait invisible.  Les joncs régnaient en trône.

Dès sa recréation, de l'eau coula dans la rigole ou fossé.  Il sera utile de lui redonner la position qu'elle avait initialement afin que son effet soit plein.  Ce faisant le mur apparaitra jusqu'à sa racine.

Le gros chêne commença de pousser en 1914.  Ses basses branches se développèrent en 1939.  Nous le savons par analogie avec d'autres chênes en semblable position de lisière qui tombèrent il y a peu.  Ces vieux arbres qui poussèrent dans l'eau ont en effet du mal à s'adapter aux conditions nouvelles & leur surnombre fait tomber les plus fragiles.  La présence d'eau est la même qu'autrefois, mais plus en profondeur & de manière plus erratique au cours de l'an.

Le chêne plus petit à son côté a le même âge.  Compte-tenu de leur situation, les deux vivent comme un seul individu : leurs racines se soudèrent il y a longtemps.  De ce fait, le plus petit se comporte comme une branche verticale du plus gros.

  • un arbre, une haie, une forêt

Dans de nombreux climats où les humains aiment à vivre, la forêt constitue le stade naturel de la végétation.  La totalité de l'énergie solaire reçue par une forêt sera absorbée par ses diverses strates végétatives.  Elle correspond à un optimum biologique, ce que l'on nomme parfois le climax du lieu.  Les bienfaits d'une forêt sont innombrables.  La biomasse qu'elle accumule va permettre de nourrir les êtres vivants qu'elle héberge & protège.  Elle fabrique en outre le climat du lieu, le sol, l'hydrologie, le paysage, l'épuration de l'air & de l'eau, que sais-je?
Un dilemme se pose alors à un agriculteur qui aime les forêts: comment produire de la nourriture sans devoir les détruire?  La réponse fut apportée par nos ancêtres il y a longtemps.  Ils la nommèrent “bocage”.  De la même manière qu'un tube d'acier est à bien des égards aussi résistant qu'une barre pleine, quatre haies qui entourent une parcelle agricole peuvent accomplir les mêmes fonctions que la forêt originelle qu'il fallut défricher.  La hauteur des haies & la taille optimale de la maille bocagère sont fonctions du type de culture, du climat & de la topographie.  Un bocage bien agencé selon ces critères est le paysage agricole le plus productif dans l'instant & également le plus riche & stable à long terme.

  • Yann le 06/06/2012 :  Le mot forêt a une signification très intéressante. Depuis longtemps, Baudelaire s'écriant "Grands bois, vous m'effrayez" me faisait m'interroger.  Bien sûr on peut se dire que ce poète n'est que l'expression du libéralisme en poésie, donc naturellement détestant la nature et adorant la vision d'un milieu complètement bétonné, une pauvre âme intoxiquée aux métaux dans un milieu pauvre en dioxygène.  Cette explication n'est pas complètement satisfaisante.  En effet, en cherchant l'origine du mot forêt *, on obtient "zone interdite, sombre, de danger, hors du parc".  La forêt désigne la réserve de chasse, les seigneurs gardant pour eux seul le privilège de vivre comme les chasseur-cueilleurs.  Les arbres, par pénurie de combustible, de nourriture et de fourrage, revinrent dans les champs & se montèrent ensuite utiles pour parquer les bêtes.  Le plessage notamment traduit bien cette pénurie.  J. Salatin, avec son "salad bar beef" ne fait qu'imiter une méthode ancestrale qui elle même imite ce qu'il se passe dans les forêts du Serengheti.  De telles forêts existaient jadis aussi en Europe.  On peut les désigner par l'oxymore, forêts claires, c'est-à-dire que grâce aux grands troupeaux d'herbivores géants, il s'établit un parc arboré & non pas une forêt.  Ce dernier mot au contraire désigne ce qui est hors, au-delà du parc.  De même que les chevaux sauvages en liberté dans une forêt la dégradent grandement, c'est-à-dire que la forêt devient clairsemée, de même qu'un blé ou un seigle semé en faible écartement fait une sorte de boule buissonnante & n'est pas malade car il reçoit la bonne quantité de soleil, un parc arboré reproduit le même principe avec des arbres.  A l'inverse, le triste spectacle d'un taillis ou d'une futaie cathédrale, avec des arbres faisant de très long troncs, n'est qu'une collection d'arbres crevant de faim de soleil, ce que se plaisent à faire les forestiers puisqu'ils ne voient que le bois.  Le schéma, c'est donc que la forêt sombre était tenue à distance par des troupeaux dont on a pas idée : en Europe centrale, des éléphants, bisons, cervidés géants.  Ces espèces ont disparu.  Les zones de bois denses, lugubres sont l'habitat des prédateurs carnivores : les herbivores n'iront pas y brouter & elles seront donc d'autant plus denses.  Tous les endroits trop pentus également deviennent des forêts (hêtraies-sapinières).  Les bandes boisées suivent les courbes du relief.

C'est cette dynamique qui s'établissait dès que les glaciers se retiraient à la fin de la dernière glaciation - 12000 ans avant Jésus-Christ.  Les essences champêtres dominèrent, & les premiers peuplements humains arrivèrent.  D'ailleurs puisque les fruitiers ne sont qu'à la lisière d'une forêt, on conçoit que si la forêt est partout, il n'y a plus grand chose à manger en fruits.  Les civilisation du mésolithique s'épanouirent grâce à cette abondance de fruits, grâce à la chênaie.  Elles durent ensuite reculer devant l'assaut de la forêt.  C'est-à-dire qu'en prenant goût pour la viande, les troupeaux avaient été complètement abattus du jour au lendemain, ce qui laissa place à de la forêt du fait de la cessation en conséquence de la déprédation qu'ils exerçaient sur les pousses d'arbres.  Les bêtes des troupeaux d'alors n'étaient pas plus effrayées par ces bipèdes que par des oiseaux.  Nous faisions partie du troupeau : s'approcher des bêtes pour les tuer était très facile.  De surcroît, les peuplements s'établirent précisément sur les points clés des flux de troupeaux, les endroits dégagés.  C'est alors une source de fertilité extrêmement importante & sur des distances énormes qui fut coupée, un peu comme lorsqu'un barrage est posé sur une rivière.  Ce sont en effet les poissons remontant à leur lieu de ponte qui, en se faisant capturer, sont responsables de la quasi-totalité de la fertilité des zones de montagne.  Ensuite, les sédiments amendent toutes les zones en contrebas.  Établir des barrages bloquerait ces flux, & par surcroît ils relâcheront une eau très froide.  C'est pareil pour le blocage des troupeaux : un point de non-retour fut franchit & les essences d'ombre dominèrent.  La hêtraie est effectivement une forêt, quelque chose de sombre, & les récoltes certes astronomiques de faines & de champignons ne sont pas suffisantes.
Ce point fut franchi justement par la domestication des bêtes, des arbres & des herbes : l'agriculture, c'est à dire la mise en place de parc arborés en imitant la dynamique antérieure.  Ces systèmes d'infield-outfield des civilisation agricoles du néolithique durèrent des milliers d'années, jusqu'à l'âge du fer.  L'apparition alors d'armes d'une puissance nouvelle stoppa puis fit disparaître ces civilisations.  Les invasions Celtes violèrent le paysage, instaurant une période de chaos & de luttes qui perdure encore.  Les Celtes avaient effectivement poussé leurs techniques de forge au moins au même niveau que celles des forgerons Japonais du VIIe siècle & ce, deux millénaires plus tôt qu'eux.  Comme on ne peut pas être au four & au moulin, leurs techniques agricoles étaient parallèlement d'un niveau très navrant.  Dans la société celte, les hommes ne participant de toute façon même pas à l'agriculture; ils vivaient plutôt de chasse & de cueillette.
Comme tout ce qui vient du libéralisme, le poème de Baudelaire fait un "oui, mais" : "Oui, grands bois vous m'effrayez ... mais ... où vivent ... des êtres disparus aux regards familiers."  Ce que nous nommons forêt est donc un milieu auquel il manque désormais quelque chose, creux.  Quand on attache l'idée de fertilité au mot forêt, on pense en réalité à un parc arboré, & non pas ce qui est au-delà du parc.

  • marssfarm le 12/06/2012 :  "Quand je suis parmi vous arbres de ces grands bois, en tout ce qui m'entoure & me parle à la fois, en cette solitude où je rentre en moi-même, je sens quelqu'un de grand qui m'écoute & qui m'aime..." - Victor Hugo

Merci Yann pour ce long commentaire qui résume les douze mille ans de ma courte vie.  Adolescent, les coupeurs, tailleurs & autres élagueurs me terrifiaient - en ces temps reculés, la race des tondeurs frénétiques n'existait pas déjà dans nos campagnes.  Je voulus être forestier pour protéger nos frères debout.  Puis je m'aperçus que les forestiers, poussés par l'objectif de rentabilité, coupaient les arbres eux aussi.  En suite d'errements, interrogations, méditations, observations & découvertes, je devins paysan d'un bocage que nous laissons se reconstituer.  Ton commentaire par extraordinaire décrit ce cheminement de gratitude.

  • * forest, for, forain, foreign, l'étranger, mettre au dehors, terrains circonscrits par le seigneur & mis en réserve, en non-culture pour ses chasses, par distinction du bois, sylva & autres espaces arborés.

Le paysage, point d'horizon où ciel & terre se touchent.

  • Lorsque les humains délaissent un lieu après l'avoir surexploité jusqu'à parfois ne laisser plus qu'un squelette de sol, le reboisement spontané ou de main d'homme signifiera un retour vers une pédogenèse maximale.  Du fait de leur grande taille potentielle, les arbres sauront détruire, éclater, digérer la roche pour créer un sol forestier.  A ce jeu, les résineux sont les plus puissants du fait de l'économie acide de leur humus.  Acide en l’occurrence signifie fixation du carbone dans le mor, l'humus sombre.  Plus tard ; le mor pourra évoluer en moder, puis en mull, humus doux.  Plus tard encore, après un nouveau défrichement, une fertilité vraie pourra apparaître au sens où Yann l'entend.  Je rejoins ici la perception des agronomes de l'idée que le sol agricole est créé par nous.  Le paradoxe est que nous sommes aussi capables de l'user jusqu'à disparition.  Tous les Sahara de la terre crient en silence ce fait de l'érosion, de l'abus, de l'usure des sols.  Tout est une question de mesure ou équilibre – ce qui correspond au Satwa guna en langue sanskrite, au-delà des inerties Tamas & des actions Rajas.  L'idée que nous nous faisons des Gaulois que nous assimilons aux Celtes correspondrait en fait à leurs précurseurs qui conservaient les arbres au paysage. Les colons - les Kelts ou Celts - auraient débuté l'ouverture du bocage longtemps avant même la venue du Czar Jules & ses Gallo-romains de copains.
    Survolant par une journée claire d"hiver l'Italie, puis la France, je fus frappé du contraste entre les manières de tracer les routes des deux côtés des Alpes.  Le tracé en ligne droite à travers le pays par décision au prix de devoir transporter des tonnes de déblais & remblais, creuser des tunnels, ériger des viaducs était vraiment un travail de romains & de leurs esclaves!  En contraste la Gaule transalpine au nord-ouest de l'Alpe recèle des sentes & routes qui suivent autant que faire se peut les courbes de niveau, s'incurvent au gré des errements dont les forces de la tectonique dessinèrent la géologie.

la demi-lune & le bouleau - un croissant fertile

  • Le tilleul est arbre lunaire.  Dans un jardin ami en existe un de très haute taille.  Le premier semestre de l'an fut particulièrement sec & nous observâmes un phénomène nouveau; naturellement, sous son feuillage à proximité du tronc l'arbre puise toute ressource d'eau de l'été.  En revanche au delà se trouve une zone  remarquable qui aurait la forme d'une double demi-lune ou autrement dit, un anneau de fertilité que nous pourrions comparer à la cire fondue autour de la mèche d'une bougie.   Le bouleau est arbre solaire.  Son feuillage léger aux feuilles verticales - tout comme celui des eucalyptus - ne crée que peu d'ombre portée.  Il semble que les céréales poussent même sous ses branches, ce qui signifie que son anneau fertile soit plus grand encore en proportion, étant donnée la taille modeste de cet arbre.   Lorsque nous plantons ou laissons s'installer des arbres en bordure de nos parcelles, il est de mise d'évoquer véritablement un croissant fertile, à une distance & de dimensions à définir en fonction de l'espèce & de la taille de l'arbre.   Là s'ouvre un espace de recherche, une aire de sagesse inouïe à explorer.  En ce temps de sécheresse, l'effet de protection des arbres sur les cultures révéla son plein pouvoir.

Acacia morishima

  • Sudras représentent les pieds.  Ses pieds sont forts, diffusés en faisceau, capables d'explorer les terrains les plus divers ou accidentés, de s'adapter aux biotopes les plus variés.   Vaishas représentent les jambes.  Les nodosités que les racines portent vont pouvoir transporter du lieu – l'atmosphère – où l'élément azote est surabondant vers celui où il sera l'indice certain de la fertilité, le sol. L'azote est la brique des protéines, mot qui évoque la protection. Les protéines sont en effet le constituant principal de l'enveloppe des cellules d'une part, & d'autre part la base constitutive des enzymes, catalyseurs des échanges & réactions au sein du monde vivant.   Kshatriyas représentent les bras.  Il arbore souvent des épines élancées qui tiendront à l'écart les prédateurs féroces, de même que les fervents amateurs de tronçonneuses acérées.   Brahmins réprésentent la tête.  A sa frondaison légère & dense pourtant, les folioles du feuillage savent se replier pour avertir les rigueurs du climat, ou à l'inverse s'orienter avec subtilité pour capter l'optimum possible des rayons de la lumière solaire selon l'heure du jour donné.   J'ai nommé le genre Acacia.   Une espèce au moins de ce genre aux arbres charmants existe sous chaque climat & sous toutes latitudes. Fukuoka utilisa l'espèce morishima pour régénérer ses parcelles, en réparer le sol dégradé. Pour faire bonne mesure, nous incluons dans ce groupe vaste, naturellement le robinier faux-acacias qui fut réintroduit en Europe en l'an 1640 par maître Robin, jardinier du roi de France.  Nous y incluons aussi les aulnes, d'autres arbres de genres fabacées voisins comme les féviers ainsi que nombre d'espèces tropicales dont j'oublie le nom.  Sur la côte d'azur - la Riviera française - il est des acacias dont les fleurs ressemblent à celles des mimosas.   Dès l'origine de leur art, les paysans mus par la sagesse née de la simple observation, prirent les arbres pour alliés, compagnons & frères de combat.  En zone de tropiques, le jardinage – nommé aussi agroforesterie – seul permet une production qui ne dégrade pas le sol, du fait de la protection continue qu'il lui offre à la saison où le ciel ne pleut pas & à celle dont les pluies abondantes l'emporteraient.  Ce n'est qu'au siècle dernier, avec le développement du machinisme & des techniques & l'amenuisement des populations paysannes, que le bocage fut détruit en Europe.  Jusqu'alors, il avait constitué l'essentiel du paysage de ses campagnes.   A celle ou celui qui plante des acacias dans ou autour de son terrain, le combat cesse – c'est l'entrée en Agrinature.  Leur présence en mélange d'autres arbres & arbustes fruitiers ou non, produit, protège, accueille & régule tout ce qui advient & adviendra sur, dans, sous & autour du lieu qui les porte.

propriété & propreté - l'or humus.

  • Autrefois le bûcheron brûlait les rémanents, les branches, seule source d'humus. Cet habitus a encore vogue. On coupe la forêt sans conscience que c'est cet humus même qui est la source du bois désiré dont nous avons grand besoin. On détruit en conséquence l'humus mère des forêts à venir.  Quel plus grand mépris pour la génération qui vient que cette destruction au nom d'une propreté imaginaire?

L'humus des transformations est la définition même de la propreté car en lui les déchets annulent leur nature de déchet en se transformant.  Le déchet en soi est ce qui a cessé toute transmigration & de ce fait s'accumule en un lieu.

Détruire l'humus en invocation d'un sens impropre du mot propreté est pour tout dire un non-sens.   Le brûlis salit l'air.  La fumée qui contient beaucoup de vapeur en révèle combien les branchages étaient riches en eau.  En s'envolant, la vapeur entraine de précieux ions nutritif capturés en gaz & tout l'azote aussi, perdu, brûlé.  La chaleur en révèle combien les débris végétaux étaient riches de soleil, toute énergie rare qui sera perdue pour toujours.  Les alternatives au brûlis sont l'andain ou le broyât ou plus simplement laisser les branchage au sol, sachant qu'un rameau du diamètre d'un doigt en climat tempéré se fragmente en six mois.  Il sèche au soleil, protégeant le sol, & pourrit à la pluie pour libérer les chaînes molécules de la lignine. Par dessication ou pourrissement, le rameau s'efface.  Qui attendit trente années pour couper la forêt ne peut-il attendre six mois de plus?

L'excès d'information nous paralyse.  L'humus des formidables transformations nous nourrit.  Cette substance dont les propriétés que nul encore ce jour ne décrivit avec la précision nécessaire sont à la quintessence de la définition de toute propreté.   Elle ne saurait donc être la propriété de quiconque.  Le brûlis salit l'ombre même du bûcheron.

  • le geai rare jardine les campagnes

Dans le nord de la Creuse, deux tiers des arbres naquirent en 1914 & l'autre tiers, en 1939.  Au tournant du siècle dernier, le paysage ressemblait à ceux de l'Inde des Afghanistan & de la Grèce de ce jour, nus, sur-pâturés d'ovins, peuplés d'âmes pauvres, de poussière & de roc.  Chaque paysan mort à la guerre se réincarna en mille arbres. Ce phénomène fut décrit comme exode rural par les historiens, déprise agricole des géographes, accrus forestiers par reboisement naturel en la science des agronomes.

Le geai rare tire son nom de ce qu'il est le jardinier de la campagne.  Les geais sont des oiseaux vifs & actifs.  Leurs couleurs & bavardages incessants nous enchantent.  Ils savent transporter les graines d'arbres des plus grandes tailles, marrons, noix, amandes, noisettes, châtaignes, glands & faines.  C'est ainsi qu'ils jardinent le reboisement, mêlant aux arbres pionniers de semence légère – pins, bouleaux, trembles, frênes, aulnes, ailantes, ormes, robiniers, mélèzes, érables, merisiers – les essences appelées à constituer la forêt pérenne.  Si le bois ne se constitue pas trop vite & si des résineux acclimatés – épicéas, sapins, douglas, cèdres – se trouvent à proximité, leurs graines transportées par le vent pourront germer sous le feuillage léger des pionniers.   Ainsi les boisements mixtes se constituent.  Les résineux digèrent la roche en profondeur.  Les feuillus nourrissent la surface du sol en humus doux.  Les résineux fixent dans leur bois & stockent dans l'humus brut le carbone de l'atmosphère.  Les feuillus le mobilisent, le mettent à disposition dans la chaîne alimentaire par leur production de graines.  La dominante de la forêt sera résineuse en sol pauvre ou climat rude, feuillue si le sol est frais & profond.  En stations intermédiaires, pins, sapins & douglas cohabitent avec les hêtres & les chênes en une alternance d'assolements successifs dont l'échelle de temps est de l'ordre du siècle ou du demi-siècle en zones à climats tempérés.

Au Japon, en Californie, en Méditerranée, il est des résineux aux feuilles en écailles ou en aiguilles - thuyas, stugas, pseudostugas, séquoias, séquoiadendrons, métaséquoias, douglas, cyprès, cèdres, sapins - qui peuvent constituer de vrais peuplements dans les zones de sols riches.  On parle alors d'inversion de végétation en ce sens que ce seront dans ces cas des résineux qui occuperont les biotopes les plus évolués, les sols les plus âgés.  La distinction entre gymnospermes & angiospermes, feuillus & résineux est purement botanique ou culturelle: la nature dans son fonctionnement écologique ne raisonne pas.  Elle résonne plutôt & utilisera dans chaque cas l'espèce la plus adaptée disponible à proximité.

Trop d'activité humaine - & nous voyons en cela tout l’intérêt du non-faire qui nous demande de nous poser, observer & voir avant d'agir - risque d'éradiquer une espèce d'une région.  Ensuite, seuls les humains également pourront réintroduire cette espèce ou une espèce qui pourrait occuper la niche écologique laissée vacante.  Tant que cette réintroduction n'a pas lieu, la vacance demeure & peut durer siècles ou millénaires.   Le geai rare* jardine le paysage & reconstitue la variété du boisement.  A l'inverse, les tondeurs de gazon empêchent ce phénomène.  Une scie à chaîne de tronçonneuse nous permet de couper un arbre à grand bruit.  Avec le même volume de décibels, une tondeuse à gazon en détruit cent à chaque coupe, cent arbres potentiels qui auraient pu germer & pousser dans l'espace tondu.  Les nobles anglais inventèrent l'usage du gazon.  Les petits bourgeois aux USA les imitèrent.  Le monde entier ensuite voulut imiter l'Amérique car elle évoquait dans l'imaginaire le symbole de la puissance financière, de la surabondance en toute chose, de l'aisance & du gaspillage gratuit sans fin.  La carence de l'éthique qui sous-tendait ce symbole se dévoile désormais & il est de ce fait en train de s'affaiblir, ce qui donnera une chance nouvelle aux arbres.

  • Le jardin forêt ou la forêt jardin furent les modes les plus répandus sur la terre depuis l'invention du genre humain car ils permettent la présence humaine tout en maintenant un terroir.  Ils sont un bon point milieu entre les forêts denses & les champs ouvertes tous deux pourvoyeurs exclusifs des industries du papier & du fast-food.